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Anti-récepteur de l’IL36 : un espoir pour le psoriasis pustuleux

D'après Bachelez H et al., abstr. D3T01.01, actualisé

Le psoriasis pustuleux généralisé (PPG), décrit par von Zumbusch en 1910, est une affection sévère caractérisée par des nappes érythémateuses étendues qui se couvrent de pustules aseptiques. Le PPG évolue par poussées accompagnées de signes généraux et parfois de manifestations extracutanées ; d’autres types de lésions psoriasiques sont inconstamment associées. La découverte, en 2011, d’un syndrome monogénique caractérisé par des poussées de psoriasis pustuleux liées à une mutation perte de fonction sur le gène de l’antagoniste du récepteur à l’IL-36 (DITRA) a conduit à la mise au point d’un traitement ciblé visant cette voie de signalisation. D’autres gènes impliquant la même voie, CARD 14 et AP1S3, ont depuis été incriminés dans des PGG. Au cours de la session « Late Breaking News » de samedi, Hervé Bachelez a rapporté les résultats d’une étude de phase I « preuve de concept » portant sur un anticorps monoclonal anti-récepteur de l’IL36, le BI655130.

Sept patients adultes atteints de PGG ont reçu par voie intraveineuse une dose unique de 10 mg/kg de BI655130 dans les 5 jours (0 à 18) suivant le début d’une poussée de PPG. Il s’agissait de 3 hommes et  4 femmes originaires de Tunisie, France, Corée, Malaisie ou Taiwan, et atteints pour deux d’entre eux de mutations homozygotes sur le gène de l’IL-36RN, une avec mutations hétérozygotes sur les gènes de  IL-36RN et CARD14, et quatre sans mutation découverte sur IL-36RN, CARD 14 et AP1S3 (figure 1).

Diapositive0.PNGLe critère de jugement principal était la tolérance du traitement. Pour les critères secondaires regardant l’efficacité, un pool d’experts avait constitué des scores de sévérité spécifiques, GPPGA pour « Physician Global Assessment » et GPPASI (en substituant les pustules à l’induration dans le score PASI). Les patients étaient suivis 20 semaines, avec une évaluation de l’efficacité à J14, un délai court qui n’avait pas été employé jusqu’ici et qui permet de s’affranchir en partie du problème de l’amélioration spontanée dans cette affection évoluant par poussées entrecoupées de rémissions. 

Aucun effet secondaire grave n’a été relevé ; on a constaté 2 infections (voies aériennes supérieures et urines), 2 hyperéosinophilies, 1 cas de vomissements et 1 de frissons, 1 cas de douleur de jambes sur des sites antérieurement atteints, 1 d’arthralgies et 1 de réaction à la perfusion. Des anticorps anti-médicament sont apparus chez trois patients.

L’efficacité a été très rapide en intention de traiter, avec un score GPPGA de 0 ou 1 atteint dès la première semaine chez 5 des 7 malades, et entre les semaines 2 et 4 chez les deux autres. Le GPPASI, lui, diminuait en moyenne de 73,2% à S2 (figure 2).

Diapositive1.PNGLe résultat s’est maintenu jusqu’à 20 semaines chez la majorité des patients ; la CRP et la polynucléose neutrophile se sont aussi résolues très vite et de manière prolongée. 

Cette étude preuve de concept marque une étape importante dans la mise au point de traitements spécifiques du psoriasis pustuleux généralisé, avec ou sans mutation décelée sur la voie de l’IL36, voire peut-être pour d’autres formes de psoriasis. Des essais contrôlés sont en cours de conception.   


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