Editorial

ASCO® 2018 : le carcinome de Merkel en “vedette américaine” pour l'immunothérapie


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L'ASCO® 2018 était à l'heure de l'immunothérapie. Alors que le mélanome avait ouvert la voie depuis plusieurs années, l'immunothérapie intervient maintenant dans de nombreuses spécialités, en prenant rapidement une part importante. La pneumologie occupait la première place dans le nombre des communications consacrées à l'immunothérapie. Elle s'impose en effet dans les cancers bronchiques non à petites cellules, avec l'évaluation de nombreuses stratégies, traitement néoadjuvant avant chirurgie, et pour les tumeurs avancées ou métastatiques, dans différents schémas : combinaison d'immunothérapies, combinaison avec des thérapies ciblées, combinaison avec des chimiothérapies. Nous devrions "profiter” en dermatologie des informations apportées par toutes ces approches, études rendues possibles par le grand nombre de patients à traiter.

La dermatologie n'était toutefois pas en reste.

L'ASCO® 2018 était, pour le mélanome, une année de transition, confirmant des données déjà acquises : l'intérêt des immunothérapies et thérapies ciblées en traitement adjuvant des mélanomes de mauvais pronostic, l'efficacité durable (avec supériorité des anti-PD1 sur l'ipilimumab en monothérapie) autorisant pour les patients en réponse complète un arrêt du traitement, avec poursuite d'une surveillance rapprochée. Parmi les nouveautés, les données d'efficacité et de tolérance d'une nouvelle combithérapie ciblée, encorafénib (anti-BRAF) – binimétinib (anti-MEK), ont été présentées. Du côté des mauvaises surprises, une molécule prometteuse sur les données in vitro et les études de phase II, un inhibiteur indoléamine-2,3-dioxygénse (anti-IDO) l'épacadostat, qui devait majorer l'efficacité des anti-PD1, s'est avéré sans bénéfice par rapport au bras pembrolizumab de référence, dans une étude de phase III en association au pembrolizumab.

Les résultats les plus spectaculaires concernaient le carcinome à cellules de Merkel, tumeur dont nous connaissons l'agressivité, avec la démonstration de l'intérêt d'une immunothérapie néoadjuvante séduisante (2 perfusions de nivolumab) avant chirurgie, permettant une réponse histologique majeure ou complète chez 65 % des patients, une réduction du risque de récidive (par rapport à des données "historiques”), et la présentation des traitements des formes métastatiques ou non opérables soit par anti-PD1 (pembrolizumab) soit par anti-PD-L1 (avélumab). L'efficacité est sans comparaison avec les schémas classiques chimiothérapie/radiothérapie. Cette tumeur apparaît exemplaire dans sa réponse à l'immunothérapie, qu'elle soit ou non associée au polyomavirus.

Nous vous proposons, avec Sandrine Monestier, un résumé des présentations les plus marquantes en dermatologie de l'ASCO® 2018. En bonus, vous trouverez dans ce numéro une mise au point sur la prise en charge des lymphomes cutanés T, un cas clinique, une fiche de dermoscopie, et des éléments de réflexion sur la place du ganglion sentinelle dans le mélanome.


Liens d'intérêt

L'auteur déclare avoir des liens d'intérêts avec BMS, Novartis, Léo Pharma.