Dossier

Prescription des antalgiques opioïdes forts par les rhumatologues

La prescription d'analgésiques opioïdes représente un problème croissant dans de nombreux pays, le nombre d'overdoses et de décès augmentant. Dans une enquête nationale, nous avons cherché à décrire les habitudes de prescription des opioïdes par les rhumatologues français dans les douleurs non cancéreuses : 839 questionnaires ont été recueillis sur 2 490 envoyés. La morphine ou l'oxycodone sont le traitement de première ligne pour 78,5 % des prescripteurs ; le fentanyl, l'hydromorphone et la buprénorphine pour 21,5 % des prescripteurs. La dose journalière moyenne prescrite lors de l'instauration du traitement est de 45 mg d'équivalent morphine. Quatre-vingts pour cent des prescripteurs déclarent une moyenne de test de l'efficacité des opioïdes de 1,2 mois. Quarante-deux pour cent rapportent une dose quotidienne maximale de 100 mg de morphine, au-delà de laquelle ils cessent d'augmenter le traitement. Les facteurs de risque de mésusage sont recherchés par 70,3 % des prescripteurs avant d'instaurer le traitement.
Une formation spécifique sur la prise en charge de la douleur est significativement associée au respect d'une période de test des opioïdes de moins de 3 mois et au dépistage des facteurs de risque de mésusage au moment de l'instauration et de chaque nouvelle prescription.


Depuis les années 1990, les opioïdes forts et faibles sont de plus en plus largement prescrits pour couvrir un champ de douleur toujours plus étendu, allant de la douleur aiguë à la douleur chronique, cancéreuse ou non. L'introduction, en 1986, d'une échelle antalgique dans la classification de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a permis des progrès significatifs dans la prise en charge de la douleur cancéreuse (1). Cependant, progressivement, la prescription d'opioïdes forts s'est développée, au-delà des indications initiales des recommandations de l'OMS, au champ de la douleur non cancéreuse.…

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