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Risque cardiovasculaire et hidradénite suppurée
Plusieurs études ont suggéré une augmentation du risque d’événement cardiovasculaire majeur (par exemple, infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral) chez les patients atteints d’hidradénite suppurée (HS) (Egeberg et al. JAMA Dermatol, 2016 ; Reddy S et al. JAMA Dermatol, 2020). Il s’agissait essentiellement d’analyses rétrospectives de bases de données électroniques, qui exposent à de nombreux biais. Plusieurs études à l’AAD ont exploré les liens entre HS et risque cardiovasculaire.
Phan et al. ont cherché à déterminer le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC) chez les patients HS : à cette fin, ils ont réalisé une méta-analyse de l’ensemble des études cas-témoins prenant en compte les diagnostics d’AVC au sein des bases de données EMBASE, PUBMED et MEDLINE. Au total, 6 études ont pu être intégrées à la méta-analyse, qui a mis en évidence une proportion plus importante d’AVC chez les patients HS (OR = 1,51 ; IC95 : 1,16-1,96 ; p < 0,00001 ; hétérogénéité faible à 70 %).
Dans une seconde méta-analyse, Kannapan et al. ont analysé le risque d’événement cardiovasculaire majeur (i.e. infarctus du myocarde, AVC, insuffisance cardiaque congestive, décès des suites d’une atteinte cardiovasculaire) chez les patients HS. Au total, ils ont intégré 40 études provenant d’EMBASE, MEDLINE, Web of Science et COCHRANE. Au total, les patients HS étaient associés à un sur-risque d’hypertension (OR = 2,01), obésité/surpoids (OR = 4,41) et tabagisme (OR = 4,18). De façon intéressante et à l’inverse d’études précédentes, le risque d’infarctus du myocarde (OR = 0,67) et d’AVC (OR = 0,82) n’était pas augmenté chez les patients HS. Après exclusion d’une étude discutable du fait de sa méthodologie, une sous-analyse retrouvait un risque plus élevé de décès des suites d’une atteinte cardiovasculaire (OR = 1,8) et d’insuffisance cardiaque congestive (OR = 1,9). Ces 2 méta-analyses diffèrent légèrement dans leur méthodologie, ce qui a conduit à l’inclusion d’abstracts non publiés dans la 1re méta-analyse qui expliquent le sur-risque d’AVC non retrouvé dans la seconde étude.
Enfin, Edigin et al. ont cherché à déterminer si une histoire personnelle d’HS était un facteur de sévérité lors d’une hospitalisation pour insuffisance cardiaque décompensée (ICD). Les auteurs ont réalisé une étude rétrospective cas-témoins sur le registre du National Inpatient Sample (NIS) sur les années 2016 et 2017. Au total, sur plus de 700 000 hospitalisations pour ICD, seulement 215 avaient un antécédent d’HS. Les patients HS étaient associés à un coût moyen d’hospitalisation plus élevé, une durée d’hospitalisation moyenne plus longue et une sur-mortalité (4,7 % vs 2,6 % ; OR = 2,99 ; IC95 : 0,40-22,43), p = 0,288). Néanmoins, ces différences n’étaient pas statistiquement significatives.
Au total, ces études illustrent bien la difficulté à déterminer avec certitude si l’HS est un facteur de risque d’événement cardiovasculaire, indépendamment des autres facteurs de risques classiques. Au-delà de cette question statistique, les patients HS présentent fréquemment un terrain à risque cardiovasculaire, associant tabagisme, HTA et obésité, avec nécessité de prise en charge systématique afin de prévenir d’éventuelles complications.