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Arthrites secondaires aux inhibiteurs de checkpoints : l’heure du T (thé) !
L’utilisation des inhibiteurs de checkpoints en cancérologie peut être à l’origine de signes d’auto-immunité et de manifestations articulaire, notamment des arthrites. L’incidence de ces manifestations pourrait atteindre 5 %. Il n’existe que peu de données scientifiques sur les mécanismes cellulaires et moléculaires de ces complications immunologiques.
Cette étude américaine a visé à réaliser un immunophénotypage de cellules du liquide synovial prélevé chez 10 patients ayant eu des arthrites après traitement par anticorps monoclonal anti-PD-1, c’est-à-dire par un inhibiteur de checkpoints immunitaires (ICI). 5 de ces patients avaient une mono- ou une oligoarthrite, les 5 autres, une polyarthrite. La même démarche a été conduite avec des liquides synoviaux de PR séropositives (n = 11) et de spondyloarthrites (n = 9), ainsi qu’avec des prélèvements sanguins (des sujets d’intérêt, de patients lupiques et de témoins sains). Le phénotypage reposait sur une cytométrie de masse, technique permettant d’étudier de manière non biaisée les phénotypes des différentes sous-populations cellulaires et de les diviser en sous-populations en fonction de leur profil d’expression. Les résultats ont ensuite été confirmés par cytométrie de flux, spécifiquement centrée sur les marqueurs identifiés par la cytométrie de masse (figure 1).
Les analyses conduites ont identifié une population de lymphocytes T cytotoxiques (CD8+) exprimant fortement le CD38, PD-1 positive et n’exprimant pas le CD127, 4 fois plus importante dans le liquide synovial des patients développant des arthrites sous ICI que ce qui était observé dans les PR ou les spondyloarthrites (figure 2A). Sur le plan fonctionnel, cette population présente des capacités prolifératives accrues, avec une augmentation > 40 % de l’expression du marqueur de prolifération Ki67 à l’analyse par cytométrie de flux. De plus, les analyses transcriptionnelles identifiaient une claire signature IFN de type 1 dans cette population. De manière intéressante, les résultats dans le liquide synovial étaient confirmés après analyse des lymphocytes circulants du sang périphérique (figure 2B) ; le profil était proche de celui observé chez des patients lupiques.
L’analyse transcriptomique a montré que cette population exprimait un plus grand nombre de molécules cytotoxiques.
En conclusion, il existe chez les patients développant des arthrites sous ICI une sous-population lymphocytaire T cytotoxique CD8 (PD-1+ CD38hi CD127–) présentant des caractéristiques de prolifération et d’activation dépendant de la voie des IFN de type 1. L’utilisation de traitements bloquant la voie des IFN de type 1, notamment d’anti-JAK, pourrait être particulièrement pertinente chez ces patients.