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Des données rassurantes sur la Covid-19 : nos patients n’en meurent pas plus que la population générale
Depuis l’apparition de l’épidémie virale, notre inquiétude est de savoir si les patients atteints de maladies systémiques auto-immunes et/ou inflammatoires (MAI) sont plus à risque de faire des formes sévères de Covid-19 que la population générale. Jusqu’alors les études portaient principalement sur des cohortes de patients atteints d’une MAI et s’attachaient à savoir si, au sein de cette cohorte, la maladie de fond ou les différents traitements engendraient un risque accru de développer une forme sévère. Les effectifs étaient de plus assez limités.
Cette fois, grâce à 2 études américaines conduites sur d’importantes bases de données d’assurance santé, on peut enfin évaluer la sévérité d’une infection par le SARS-Cov-2 chez les patients ayant une MAI (rhumatisme inflammatoire, connectivite et vascularite) comparativement à la population générale de même âge, même sexe et même origine ethnique.
Dans la première cohorte, présentée vendredi en session plénière, grâce à un réseau de recherche comprenant des données en temps réel de 52 millions de patients dans 35 organismes de soins de santé, il a pu être identifié, après 6 mois d’épidémie, 2 374 patients atteints de MAI ayant une infection par le SARS-Cov-2, lesquels ont été appariés sur l’âge, le sexe, l’IMC et l’origine ethnique, et comparés à 2 374 témoins sans MAI. Les patients ayant une MAI avaient plus de comorbidités (HTA, diabète, asthme, insuffisance rénale, cardiopathie ischémique).
Lorsque l’on regarde les données brutes, il semble que les sujets atteints de MAI fassent des infections à SARS-CoV-2 plus sévères, avec davantage d’hospitalisations en secteur médical ou en soins intensifs, d’insuffisances rénales aiguës, de recours à la dialyse et de thromboses veineuses. En revanche, il n’y avait pas de sur-risque de ventilation mécanique ou de décès.
En fait, cette association à des formes plus sévères était principalement due à la présence de comorbidités, plus fréquentes chez les sujets atteints de MAI. Après ajustement sur ces comorbidités, seuls les risques de thrombose veineuse et d’insuffisance rénale demeuraient significativement plus élevés dans le groupe MAI (figure).
Ces conclusions ont été confirmées par une autre étude américaine qui a comparé la sévérité de la Covid-19 chez 143 patients atteints de MAI et 688 témoins sans MAI. Il y avait une augmentation du risque de ventilation mécanique en analyse univariée (HR = 1,75 ; IC95 : 1,12-2,74), risque qui disparaissait après ajustement sur les comorbidités. Il n’existait pas non plus d’excès de mortalité chez ces patients en analyse multivariée.
Ces résultats confortent les données françaises de la French RMD Covid-19 cohort, dont les 1ers résultats viennent d’être publiés dans The Annals of Rheumatic Diseases (NCT04353609). Nous en profitons pour vous rappeler l’importance d’inclure vos patients contractant le SARS-CoV 2 dans cette cohorte, qui reste, bien sûr, ouverte durant cette 2e vague (http://www.cri-net.com/ckfinder/userfiles/files/recherche/etudes/2020/VF_Fiche_Recueil_COVID_19_FAI2R_4.pdf).