Editorial

L'hypertriglycéridémie


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Comme la plupart des grandes maladies métaboliques, l'hypertriglycéridémie n'existe pas ! On doit parler des hypertriglycéridémies, au même titre que l'on parle des diabètes, des obésités et des hypercholestérolémies.

Cette affection a été desservie à la fois par sa banalité et par la méconnaissance de sa complexité. En outre, elle a longtemps été éclipsée par l'écrasant voisinage de l'hypercholestérolémie, mieux connue grâce à l'identification du gène impliqué, découverte d'ailleurs récompensée par un prix Nobel il y a 35 ans ! Les patients ne prêtaient pas attention aux anomalies lipidiques relevées par leur bilan, qui allumait pourtant un warning, et les médecins se reposaient aussi sur une notion aujourd'hui abandonnée de facteur de risque non indépendant.

Bref, les triglycérides ont longtemps été le parent pauvre des dyslipidémies. Seules les hypertriglycéridémies majeures effrayaient, et l'erreur de laboratoire était parfois invoquée. On leur attribuait bien une responsabilité dans certaines pancréatites aiguës, mais sans grande conviction ni certitude. On incriminait finalement l'alcool comme cause unique, en apposant trop vite au patient l'étiquette “alcoolique”.

Aujourd'hui, les choses ont bien changé, comme vous pourrez le constater à la lecture de ce dossier. La génétique a montré son intérêt dans la compréhension et le diagnostic des formes graves de l'hypertriglycéridémie, avec une infinie complexité qui témoigne aussi d'une grande hétérogénéité. Le diagnostic d'une hyper­triglycéridémie s'apparente à un exercice de médecine interne. Il est mis en relation avec l'insulinorésistance, la stéatose hépatique, etc. L'hypertriglycéridémie du diabétique est un modèle physiopathologique des mécanismes en cause. La grossesse est une situation physiologique qui expose à une hypertriglycéridémie ; rarement observée, celle-ci peut-être gravissime. De nouvelles voies thérapeutiques dans les hyper­chylomicronémies s'ouvrent. La diététique n'est pas en reste dans son étiologie la plus fréquente, à haut risque cardio­vasculaire, le syndrome métabolique.

Autrement dit, ce dossier correspond à un tournant passionnant dans la connaissance que nous avons des hypertriglycéridémies, nous invitant à redécouvrir cette pathologie.



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J.M. Lecerf déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.