Dossier

Rôle des inégalités sociales dans la prise en charge et la survie des LNH dans la population générale

  • La survie des lymphomes non hodgkiniens (LNH) dans la population générale s'est améliorée durant la dernière décennie : +18 points entre 1995-1998 et 2005-2010 pour les LNH diffus à grandes cellules B (LDGCB) et les lymphomes folliculaires (LF). Cette amélioration ne cache-t-elle pas des disparités ? Quel rôle jouent certains facteurs, comme le niveau socioéconomique ? Observe-t-on des inégalités dans l'accès aux soins ou la qualité des soins selon le lieu où les patients sont soignés ? Entre 2002 et 2008, 1 798 patients atteints de LDGCB ou de LF ont été diagnostiqués dans 3 registres spécialisés en hématologie (Basse-Normandie, Côte-d'Or et Gironde). De fortes différences territoriales entre les 3 zones de ces registres sont observées concernant le lieu de prise en charge (centre hospitalier universitaire ou centre de lutte contre le cancer versus hôpitaux généraux ou cliniques), les délais d'instauration du traitement et la probabilité de survie à 5 ans. Cependant, aucune association entre le niveau socioéconomique, mesuré par un score de défavorisation (EDI), et chacun de ces 3 indicateurs n'a été mise en évidence. La survie s'est améliorée durant la période d'étude. Cette tendance positive s'explique au moins en partie par l'usage élargi de l'immunothérapie associée à la chimiothérapie classique de type CHOP en première ligne. La zone géographique de diagnostic ou la spécialité médicale (onco-hématologie versus autres) sont indépendamment associées à une meilleure survie à 5 ans, quel que soit l'âge. Enfin, l'amélioration de la survie chez les patients âgés (75-84 ans en particulier) s'accompagne d'un bilan initial plus complet suivi de traitements plus agressifs ou plus conformes au traitement standard des sujets jeunes. Le temps de déplacement est associé au lieu de prise en charge et à la survie, avec un pronostic défavorable pour les patients résidant à plus de 15 minutes du centre de référence le plus proche. Malgré les avancées thérapeutiques, de nombreux facteurs non biologiques peuvent ainsi affecter le pronostic des patients atteints de LNH. L'expertise des équipes prenant en charge ces maladies semble primordiale pour obtenir une prise en charge optimale.

Les disparités sont une des préoccupations majeures de nos concitoyens, comme le montrent les résultats de l'enquête de l'observatoire cancer institut Curie-Viavoice menée en 2019 [1] : 69 % estiment qu'il existe des inégalités face au cancer et les attribuent majoritairement aux revenus (49 %), au lieu de résidence (45 %), au niveau d'information sur le cancer (sa prévention et sa prise en charge) ou au fait d'être seul ou isolé (39 %). En premier lieu, pour les Français, le cancer frappe plus durement les plus défavorisés économiquement et socialement, du fait de la relation entre cancer et…

L’accès à la totalité de l’article est protégé




Liens d'intérêt

S. Le Guyader-Peyrou et A. Monnereau déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.