Éditorial

Neuf mois plus tard …


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Le 1er octobre 2018, le prix Nobel de physiologie ou médecine était décerné à James P. Allison et Tasuku Honjo pour leurs travaux en immunothérapie. Cette approche thérapeutique, dont nous connaissons aujourd'hui les premier pas, aura encore monopolisé une grande partie des sessions de l'ASCO®, 2019 toutes tumeurs et toutes lignes confondues. Même si cet ASCO® a vu la confirmation de l'énorme potentiel des anticorps bispécifiques qui sont apparus comme les nouvelles armes thérapeutiques de demain.

Chers lecteurs, pas de stress, nous en reparlerons prochainement dans Correspondances en Onco-Théranostic.

L'immunothérapie, (ré)éduquer notre système immun pour attaquer nos cellules cancéreuses constitue, certes, une immense révolution. Cependant, aujourd'hui seuls 20 à 30 % des patients en bénéficient vraiment. Plusieurs raisons à cela : des contre-indications au traitement liées, par exemple, à des maladies immunes évolutives, une résistance primaire (les hyperprogresseurs), un échappement, etc. Une bataille est gagnée, mais pas la guerre. Tolérance zéro ! (voir notre rubrique vocabulaire).

Les stratégies CAR-T, qui consistent à reprogrammer les lymphocytes pour attaquer spécifiquement les cellules tumorales, continuent leur développement. Thérapie totalement customisée et personnalisée, aujourd'hui développée pour les leucémies et myélomes, elle se frotte désormais aux tumeurs solides, leur plasticité, leur hétérogénéité et leur microenvironnement. Ça se complique, mais, soyons-en sûrs, ce ne sera probablement pas, à terme, insurmontable, tant la recherche est dynamique dans ce secteur.

L'ASCO® aura été riche en présentations de combinaisons thérapeutiques, de stratégies de traitements séquentiels, d'approches néoadjuvantes et, bien sûr, de travaux sur les biomarqueurs pour une meilleure sélection des patients. L'article de François Ghiringhelli nous éclairera sur le sujet. Nous avons aussi de nouveaux acteurs sur le terrain avec l'arrivée de l'immunothérapie en oncologie mammaire et, pour les pathologistes, un nouveau challenge à relever pour les échelles de score PD-L1 intégrant les cellules immunes ! Ce sujet sera abordé dans les papiers de Magali Lacroix-Triki et Julien Adam. L'importance de la prise en compte du microenvironnement en immunothérapie est un sujet sur lequel nous avons déjà largement insisté dans notre revue. Karen Leroy nous apportera des informations sur les derniers développements des signatures transcriptomiques prédictives de réponse. Enfin, n'oublions pas l'hôte ! L'équipe de Gérard Milano nous familiarisera avec l'immunogénétique germinale, un partenaire potentiel dans l'arsenal des marqueurs prédictifs. Les biopsies liquides permettent un suivi précoce, dynamique et non invasif des patients en pathologie thoracique. Paul Hofman nous fera part des derniers développements dans ce champ.

N'oublions pas, en dessert, un intéressant cas clinique, toujours dans le champ de potentiels biomarqueurs de l'immunothérapie : l'instabilité microsatellitaire.

Je vous souhaite une belle lecture !


Liens d'intérêt

F. Penault-Llorca déclare avoir des liens d’intérêts avec les laboratoires AstraZeneca, BMS, MSD, Roche et Pfizer.