Éditorial

Plus complexe et plus simple : les enjeux de la cancérologie moderne


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Des enjeux contradictoires ? Pas vraiment. Comme l'illustre parfaitement ce numéro des Correspondances en Onco-Thoracique, la cancérologie moderne s'inscrit dans ces deux directions simultanément.

Plus complexe, car le démembrement moléculaire des cancers thoraciques se poursuit, les coaltérations moléculaires définissant maintenant des sous-groupes au sein même des addictions oncogéniques, avec des implications pronostiques aujourd'hui, et théra­peutiques demain. Plus complexe, car se surajoute maintenant la caractérisation immune de la tumeur et de son microenvironnement, définissant là aussi des sous-groupes plus ou moins sensibles aux schémas thérapeutiques actuels et pour lesquels de nouvelles options se dessinent. Plus complexe, car de multiples autres facteurs liés au malade (traitements concomi­tants, comme les antibiotiques ou les stéroïdes, compo­sition du microbiote, etc.) semblent aussi influencer l'impact des stratégies actuelles. Plus complexe enfin, car il va falloir prendre en compte toutes ces informations (et bien d'autres) séparément ou simultanément (sous la forme éventuellement de signatures, comme illustré plus loin dans ce numéro avec les cancers à petites cellules) pour dessiner la stratégie thérapeutique, riche de plus en plus d'options, la plus personnalisée possible : une nouvelle ère de la médecine de précision.

Plus simple, simultanément, car c'est l'aspiration des malades et de leurs familles d'affronter la maladie avec le retentissement le plus modeste possible sur la vie qu'ils et elles souhaitent. L'intelligence artificielle en pathologie et en imagerie nous permettra de développer une stratégie précise sans multiplier les gestes invasifs, la téléconsultation va éviter risques et déplacements inutiles dans bon nombre de cas et le suivi digital offrira une sécurité et une réactivité plus grandes et plus harmonieuses.

L'oncologie thoracique est sûrement la discipline en cancérologie qui a connu le plus de bouleversements ces 15 dernières années, constituant un modèle pour la prise en charge des autres tumeurs solides. Ces bouleversements sont associés à des progrès objectifs dans le devenir des malades, comme en attestent les données des bases américaines. La voie est tracée !



Liens d'intérêt

F. Barlesi déclare avoir des liens d’intérêts avec AstraZeneca, Bayer, Bristol Myers Squibb, Boehringer Ingelheim, Eli Lilly Oncology, F. Hoffmann-­La Roche Ltd, Novartis, Merck, MSD, Pierre Fabre, Pfizer et Takeda.