Éditorial

Novembre sans tabac et janvier avec alcool : quelle boussole pour les politiques publiques ?


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Le Programme national de lutte contre le tabac (PNLT), lancé sur la période 2018-2022, programme interministériel, vise à réduire le nombre de fumeurs en France à moins de 22 % d'ici à 2022. L'ambition portée par cette stratégie est que “les enfants qui naissent depuis 2014 soient la première génération de non-fumeurs”. Le PNLT comporte des actions sociales et économiques, avec l'idée de créer un environnement favorable qui a pour objet la lutte contre les inégalités sociales avec des objectifs chiffrés pour réduire le nombre de fumeurs (500 000 fumeurs de moins par an), et l'obtention d'une “génération sans tabac” en 2032. La communication en matière de prévention du tabac est rythmée par 2 rendez-vous : la Journée mondiale sans tabac en mai et l'opération #MoisSansTabac en novembre, qui s'accompagnent chaque année d'une progression des appels sur la ligne Tabac info service.

En matière d'alcool, cette année le “Défi de Janvier”, Dry January, est arrivé en France et a été un succès incontesté. Il a pu se tenir pour la première fois grâce à la mobilisation des associations, sans le soutien du gouvernement qui s'est désengagé spectaculairement. Pourtant, ce type d'initiative est dans l'air du temps, près de 14 campagnes annuelles de ce type ont été organisées avec succès à l'étranger. Le mois de janvier est privilégié, car le grand public est davantage prêt à bousculer ses habitudes après les excès de fin d'année.

Que retenir ? La filière alcool influence les choix de nos politiques (les lobbys du tabac ont une stratégie différente, plus discrète). Et pour les professionnels et les associations, cette campagne confirme qu'ils ont fait le bon choix. En effet, comme le constate l'ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie), l'opinion publique entretient désormais un rapport plus nuancé avec l'alcool, faisant la part du plaisir et des risques, loin de la frilosité et du déni de la majorité de la classe politique, plus sensible au discours archaïque et aux arguments économiques d'un lobby qu'aux multiples signaux qui témoignent d'une évolution profonde de l'opinion.

Reste maintenant un autre défi, construire un calendrier annuel incluant tabac et alcool, et soutenir cette évolution positive des mentalités en évitant de nouvelles dissonances !

Nous présentons dans ce numéro un dossier “Tabacologie” reprenant des communications présentées au 13e congrès de la Société francophone de tabacologie (Ajaccio). Réservez les 26 et 27 novembre 2020, le 14e congrès se tiendra à Paris, à l'institut Pasteur (www.csft2020.fr).


Liens d'intérêt

D. Touzeau déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.