Envoyer à un confrère
Merci de saisir l’e-mail de votre confrère :
Effet protecteur des immunomodulateurs vis-à-vis du Covid sévère chez les patients atteints de MICI : une étude multicentrique du GETAID
Dans le cadre de l’épidémie à SARS-CoV-2, la prise en charge des patients atteints de maladie chronique et/ou sous immunosuppresseurs était préoccupante, faute de données pour dicter leur prise en charge. Les objectifs de cette étude française du GETAID étaient d’évaluer les caractéristiques et le pronostic du Covid chez les patients atteints de MICI et d’étudier les facteurs associés à la survenue d’un Covid sévère. Les centres devaient déclarer l’ensemble des cas de Covid-19 dans leurs cohortes, survenus entre le 1er mars 2020 et le 31 décembre 2020. Ces cas devaient être confirmés par un test PCR, ou à défaut pour les patients inclus au mois de mars 2020, un scanner thoracique évocateur. Un suivi prospectif des patients était réalisé, avec une visite de réévaluation 3 à 6 mois après la déclaration de l’infection. Les données démographiques, les caractéristiques de la maladie, les traitements et l’évolution clinique de la maladie étaient répertoriés. Un Covid sévère était défini par une hospitalisation et/ou le recours à une oxygénothérapie et/ou le décès. Les facteurs prédictifs de Covid sévère ont été étudiés par analyse univariée puis multivariée par régression logistique.
Au total, 719 patients atteints de MICI et de Covid ont été inclus dans 30 centres hospitaliers, 54,2 % étaient des femmes, l’âge médian était de 42 ans, 64,4% étaient atteints d’une maladie de Crohn (MC), l’ancienneté médiane de la MICI était de 10,8 ans. À la date de l’infection, 25,2 % et 28,9 % des patients suivis pour MC ou RCH avaient une maladie active, selon les scores cliniques HBI et Mayo partiel, respectivement ; 13,3 % des patients étaient des fumeurs actifs ; 12,7 % avaient un IMC > 30. Concernant les traitements, 72 (10 %) patients ne recevaient aucun traitement, 75 (10,4 %) ne recevaient que des 5-ASA, 164 (22,8 %) recevaient des immunosuppresseurs conventionnels, 509 (70,8 %) recevaient des biothérapies. Outre les symptômes classiques de Covid-19, l’infection était associée dans 21,6 % des cas à une diarrhée chez les patients en rémission ou à une exacerbation de diarrhée chez les patients actifs ; et à des vomissements chez 5,1 % des patients. Les traitements de la MICI ont été maintenus à l’identique chez 73,4 % des patients, suspendus chez 25,5 % et arrêtés définitivement chez 1,1 %. Lors du suivi, 13,2 % des patients ont présenté une poussée de leur MICI. Au total, 68 patients ont présenté un Covid-19 sévère, 67 (9,3 %) ont été hospitalisés pour une durée médiane de 6 jours, 4 (0,6 %) patients sont décédés. En analyse multivariée, l’âge > 50 ans (OR = 2,0 ; IC95 : 1,06-3,72 ; p = 0,031), l’obésité (OR = 2,01 ; IC95 : 1,05-4,09 ; p = 0,037), les comorbidités (cardiorespiratoires et/ou rénales et/ou cancer ; OR = 3,28 ; IC95 : 1,76-6,09 ; p = 0,0002) étaient des facteurs associés à la survenue d’un Covid sévère ; à l’inverse, un traitement immunomodulateur (biothérapie et/ou immunosuppresseur) apparaît comme un facteur protecteur (OR = 0,38 ; IC95 : 0,22-0,69 ; p = 0,0012) (tableau).
Au total, dans cette population de patients atteints de MICI, la sévérité du Covid n’était pas supérieure aux chiffres connus en population générale, et les mêmes facteurs de risque de sévérité que sont l’âge, l’obésité et les comorbidités ont été mis en évidence. Cette cohorte montre également que la prescription d’agents immunomodulateurs n’était pas un facteur de risque de Covid sévère, mais était associée au contraire de façon indépendante à moins de Covid sévère, faisant discuter leur effet immunologique sur la phase d’orage immunitaire du SARS-CoV-2.