Envoyer à un confrère
Merci de saisir l’e-mail de votre confrère :
Switch de l’infliximab pour la forme s.c. : possible même chez les patients optimisés ?
La forme s.c. de l’infliximab est une alternative appréciée par les patients recevant un traitement par voie i.v. Une équivalence d’efficacité entre la dose i.v. à 5 mg/kg toutes les 8 semaines et le traitement s.c. à 120 mg tous les 14 jours a été démontrée. Mais, en pratique, de nombreux patients reçoivent une dose optimisée d’infliximab par voie i.v., et dans cette situation le switch pour la voie s.c. pose question en termes d’efficacité.
L’objectif de cette étude (voir zoom du jour) était de comparer l’efficacité et la pharmacologie de l’infliximab s.c. administré à la dose standard de 120 mg tous les 14 jours, en fonction du schéma d’infliximab i.v. reçu avant le switch. Les patients étaient suivis pendant 6 mois lors de 3 visites avec une évaluation clinique, une mesure de la calprotectine fécale et un dosage d’infliximab, avec recherche d’anticorps anti-infliximab.
Au total, 133 patients ont été inclus. Avant le switch pour la forme s.c., 59 patients (44,4 %) recevaient une dose standard d’infliximab (5 mg/kg toutes les 8 semaines), 41 patients (30,8 %) recevaient un traitement optimisé à 10 mg/kg toutes les 8 semaines, 18 patients (13,5 %) recevaient une dose de 10 mg/kg toutes les 6 semaines et 15 patients (11,3 %) avaient un traitement à 10 mg/kg toutes les 4 semaines.
Le risque de rechute à la dernière visite (entre 16 et 24 semaines après le switch) était comparable entre les différents groupes (entre 7 et 16 %), sauf pour les patients qui recevaient un traitement préalablement fortement optimisé par voie i.v. (10 mg/kg toutes les 4 semaines) qui avaient une récidive dans 66,7 % des cas. En cas de rechute, une optimisation du traitement par infliximab s.c. (240 mg tous les 14 jours) permettait d’obtenir une nouvelle rémission clinique et une normalisation de la calprotectine fécale chez 80 % des patients. En termes de pharmacologie, les taux résiduels d’infliximab s.c. étaient significativement supérieurs au cours du suivi par rapport aux taux résiduels d’infliximab i.v. à l’inclusion dans chacun des groupes, sauf dans le cas où les patients étaient préalablement optimisés par voie i.v. à 10 mg/kg toutes les 4 semaines, ces taux résiduels étant restés stables après le switch s.c. En analyse multivariée, les facteurs prédictifs d’échec du switch d’infliximab vers la forme s.c. étaient l’existence d’une calprotectine fécale supérieure à 250 µg/g au moment du switch (OR = 5,42) et le fait de recevoir préalablement un traitement i.v. à 10 mg/kg toutes les 4 semaines (OR = 12,42).
En pratique, le switch de l’infliximab i.v. vers la forme s.c. est possible et efficace, y compris chez les patients recevant une dose optimisée avant le switch. Une dose standard de 120 mg tous les 14 jours peut être utilisée, sauf chez les patients optimisés par voie i.v. à 10 mg/kg toutes les 4 semaines, où le risque de rechute incite à proposer d’emblée une dose s.c. optimisée.