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Ustékinumab et anti-TNF en 1re ligne de biothérapie dans la MC luminale
Peu de données en vie réelle sont disponibles sur l'efficacité de l'ustékinumab en traitement de première intention de la maladie de Crohn (MC) modérée à sévère. L'objectif de cette étude rétrospective bicentrique (Bordeaux et Montréal) était de comparer le taux de rémission clinique à 3 mois chez des patients traités par ustékinumab ou par anti-TNF en première ligne de biothérapie, entre janvier 2016 et décembre 2019. Le critère d'évaluation principal était la rémission clinique 3 mois après le début du traitement, définie par un indice de Harvey-Bradshaw (HBI) < 4 sans corticoïdes, ni chirurgie liée à la MC ni arrêt du traitement en raison d'un échec ou d'une intolérance. Les critères d'évaluation secondaires étaient la rémission à 12 mois et la persistance du traitement. Les patients traités par ustékinumab ont été appariés (1:3) aux patients traités par anti-TNF en utilisant un score de propension comprenant l'âge, la durée de la MC, le tabagisme, la localisation de la MC selon la classification de Montréal et les antécédents de maladie péri-anale.
Au total, 206 patients (103 (50 %) femmes, âge médian 30 ans (22-47)) ont été inclus, 156 (75 %) patients ont reçu en première ligne un anti-TNF (95 (45 %) adalimumab et 61 (29 %) infliximab), et 50 (25 %) de l’ustékinumab. Le suivi médian était de 40 (23-52) mois. La durée médiane (IQR) de la MC était de 21 (6-104) mois et 45 (22 %) des patients avaient déjà subi une chirurgie liée à la MC. Après appariement, les taux de réponse clinique à 3 mois étaient de 65,9 % dans le groupe ustékinumab versus 81,1 % dans le groupe anti-TNF (p = 0,04). À 12 mois, les taux de rémission étaient de 67,3 % dans le groupe ustékinumab versus 81,6 % dans le groupe anti-TNF (p = 0,05) (figure).
Aucune différence n'était observée concernant la durée jusqu’à l'arrêt du traitement (p = 0,25). Les taux de persistance du médicament à 12 mois étaient de 89 % chez les patients traités par ustékinumab et de 87 % chez ceux traités par anti-TNF. Des taux similaires d'événements indésirables étaient observés dans les 2 groupes (14 versus 13 %, p = 0,80). Dans le groupe anti-TNF, 2 % d’événements indésirables ayant entraîné une hospitalisation ont été observés versus 0 % dans le groupe ustékinumab (p > 0,90).
Au total, et avec les limites liées à son caractère rétrospectif, cette étude chez des patients atteints de MC naïfs de biothérapie montre que les anti-TNF en première ligne conduisaient à des taux de rémission plus élevés à 3 et 12 mois qu'avec l'ustékinumab.