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Homme ou femme, on s’en fout, conservez mes gonades et puis c’est tout !

D’après Van Trotsenburg M et al., communication S6.3, actualisé

Parmi les adolescents transgenres pris en charge par des équipes expérimentées, environ 50 % expriment le désir d’avoir une descendance un jour, et la majorité (61 %) est demandeuse d’avoir des informations sur la fertilité. Que leur répondre quand on sait que les différentes étapes de prise en charge (traitements hormonaux bloquants, cross-sex hormones, chirurgies) vont avoir un impact sur leur potentiel de fertilité ?

Pour les M-to-F

À l’âge adulte, la cryoconservation du sperme est généralement simple, mais avant ? La qualité des spermatozoïdes recueillis à l’adolescence est-elle suffisante pour certifier que la cryoconservation et son coût pendant 10 ou 20 ans en vaut la peine ? Si la 1re éjaculation survient en moyenne autour de 13 ans, la qualité de la spermatogenèse n’est pas optimale. Et quand l’adolescent est déjà sous estrogénothérapie ? Des études montrent que les progéniteurs de la spermatogenèse restent dans le testicule et pourraient être restimulés (PMID : 31310772). En revanche, la cryoconservation du sperme n’est pas une option pour les trans sous traitement freinateur de la puberté avant cross-sex thérapie. Chez eux, la préservation de tissu testiculaire, dans l’espoir d’une maturation in vitro (actuellement au stade de l’expérimentation), pourrait constituer une option.

Pour les F-to-M

Le maintien de la fertilité apparaît encore plus difficile. La cryoconservation des ovocytes comprend une stimulation ovarienne et une ponction ovarienne transvaginale échoguidée. Cette procédure est lourde pour “celle qui se sent homme”. L’impact psychologique peut aussi être grand, si on choisit de réaliser une stimulation ovarienne après arrêt du traitement par androgènes. De façon alternative, la préservation du tissu ovarien peut être réalisée en même temps que la chirurgie affirmant le genre. Il été montré que, malgré une androgénothérapie longue, les ovaires entrés en période de quiescence peuvent être stimulés. Pour les plus jeunes, une cryopréservation de tissu ovarien immature pourraient être réalisée, comme dans d’autres situations (cancer, par exemple).

Conclusion

Beaucoup de questions restent en suspens sur la préservation de la fertilité des adolescents trans. À ce stade, il semble impératif de discuter avec les jeunes et leurs parents des options, des limites et des incertitudes en matière de procréation.

Vienne abrite le 3e siège de l’ONU, à 2 pas du centre des congrès où nous nous trouvons. Rappelons que la procréation est reconnue comme un droit universel de l’humanité (difficile d’écrire “homme”, dans cette situation) et que le droit international reconnaît comme illégale la “stérilisation forcée”.

On ne connaît pas les progrès à venir en matière de maturation in vitro de gamètes prépubères. Mais il est urgent que les CECOS changent de mentalité et se mobilisent pour conserver les tissus gonadiques de nos jeunes patients trans !