Le microbiote intestinal pourrait être à l’origine de l’activation du système immunitaire via les lymphocytes Th17. Le microbiote dans la pré-PR a été peu étudié. Les pré-PR concernent des sujets à haut risque de développer une PR souvent identifiés sur la base d’arthralgies cliniquement suspectes associées à la présence d’anticorps anti-peptides citrullinés (ACPA).

Cette étude a inclus 42 PR précliniques (définie par la présence d’ACPA sans arthrite), 31 PR et 38 sujets sains. Les selles ont été recueillies et analysées par séquençage de l’ARN 16S pour évaluer la richesse et la diversité du microbiote. Enfin, des échantillons de selles ont été transplantés dans un modèle murin pour évaluer l’impact du microbiote sur la perméabilité de la barrière intestinale et sur les sous-populations lymphocytaires T.

L’analyse du microbiote montrait des différences qualitatives entre donneurs sains, PR précliniques et PR avec un appauvrissement en Bacteroidaceae et un enrichissement en d’autres espèces (Streptococcaceae, Lactobacillus, Lactococcus). Par comparaison avec les sujets sains, la transplantation fécale réalisée avec des selles de PR précliniques ou de PR à des souris entraînait une altération de la barrière intestinale. Les souris transplantées avec des selles de PR précliniques  ou de PR présentaient également une augmentation du nombre de lymphocytes Th17 pro-inflammatoires dans le tissu digestif et dans les ganglions mésentériques, ce qui suggère une réponse inflammatoire locale. Enfin, pour évaluer l’impact de ces modifications sur le développement de la PR, les auteurs ont transplanté les selles provenant de chacun des groupes à un modèle murin d’arthrite au collagène. Encore une fois, les selles de PR précliniques ou de PR, mais pas celles de donneurs sains, aggravaient de manière significative les manifestations articulaires de ces souris, ce qui suggère un rôle inducteur du microbiote des PR précliniques dans le développement des arthrites.

Chez les PR précliniques, le microbiote intestinal présente des modifications qualitatives par rapport aux donneurs sains. Cette dysbiose apparaît à un stade précoce de la PR et pourrait induire une réaction immuno-inflammatoire locale dans l’intestin qui pourrait alors favoriser le développement des arthrites.