Édition virtuelle, 5-8 octobre 2020
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Y a-t-il un surrisque de mortalité chez les patients VIH hospitalisés pour Covid-19 ?
Jusqu’à présent, les quelques études sur le sujet avaient tendance à montrer que l’infection à VIH n’était pas un facteur de risque indépendant de forme sévère de la Covid-19. Le travail présenté ici (voir zoom du jour) avait pour but de comparer les caractéristiques et la mortalité à J28 de l’infection à SARS-CoV-2 chez des patients VIH+ et des patients VIH- au sein de la cohorte ISARIC, qui regroupe 207 centres de prise en charge en Angleterre. Parmi les 47 500 patients hospitalisés pour Covid-19, 123 (0,26 %) étaient VIH+ et une prescription d’ARV au cours du séjour hospitalier était rapportée pour 90 % d’entre eux. À l’admission, les patients VIH+ étaient plus jeunes que les patients VIH- (56 versus 74 ans ; p < 0,001). Il y avait moins de femmes chez les patients VIH+ (33 versus 43 %), plus de fumeurs (12 versus 8 %), et moins de comorbidités globalement (insuffisance cardiaque, BPCO, démence, cancers, pathologies rhumatologiques), à mettre en rapport avec un âge plus faible. Les tableaux cliniques semblaient plus sévères chez les patients VIH+, les patients étant plus symptomatiques. La durée des symptômes était également plus prolongée (5 versus 3 jours ; p = 0,002). La mortalité cumulée dans les 2 groupes était similaire à J28 (27 versus 32 % ; p = 0,22), mais en-dessous de 60 ans, les patients VIH+ présentaient un taux de mortalité plus important que les patients VIH- (22 versus 10 % ; p < 0,001). En analyse multivariée, après ajustement sur les facteurs différenciant les 2 groupes (incluant l’âge, l’origine ethnique, le sexe, l’acquisition nosocomiale du SARS-CoV-2, la date de la maladie, les comorbidités significatives et la sévérité de la maladie à l’admission), le VIH était un facteur indépendamment associé à une mortalité plus forte à J28 (HR ajusté = 1,68 ; IC95 : 1,14-2,78 ; p = 0,009), y compris quand l’analyse était restreinte aux patients de moins de 70 ans (HR ajusté = 1,92 ; IC95 : 1,22-3,00 ; p = 0,004). Les patients décédés dans le groupe VIH+ était plus âgés que les patients survivants (58 versus 55 % ; p = 0,01). Toujours dans ce groupe, les comorbidités associées au décès étaient le diabète et l’obésité. Sur le plan biologique, les patients décédés avaient une CRP, une glycémie et des leucocytes plus élevés que les survivants. Enfin, les patients survivants recevaient plus fréquemment des ARV que les patients décédés (94 versus 81 % ; p = 0,04), suggérant que la réplication virale VIH et l’immunodépression CD4 en rapport jouent un rôle dans le pronostic de la Covid-19. Si d’autres études confirment que l’infection à VIH est un facteur de risque indépendant de mortalité, une analyse stratifiée sur la charge virale VIH et la numération CD4/CD8 pourrait apporter des pistes de compréhension supplémentaire sur le pronostic de la co-infection VIH-SARS-CoV-2.