Éditorial

Éditorial : Toute douleur est souffrance

La douleur n’est jamais le prolongement d’une altération organique, mais une activité de sens affectant la personne qui la ressent. L’éprouvé de la douleur, c’est-à-dire la souffrance, n’est nullement la duplication de l’événement corporel, il est la conséquence d’une relation intime et spécifique à une situation et à un public. Les limites de la tolérance des uns ne sont pas celles des autres. La relation à la douleur est toujours pour l’individu une question de signification et de valeur – une relation intime au sens, à une situation –, et non de seuil biologique. Elle n’est pas seulement “physique”, car elle englobe l’individu dans son entier, et d’abord son rapport à soi et au monde. La douleur envahit le monde de l’individu, elle implique un retentissement moral, elle désorganise les choses et perturbe en profondeur les intentions et les activités envisagées.


Le ressenti algique est la conséquence d’une interprétation par l’individu de sa douleur, il se trame dans l’affectivité, qui en module l’intensité et la tonalité. Il renvoie brutalement à soi-même et ne laisse jamais indemne le déroulement de l’existence. Si “douleur” est un terme souvent utilisé dans nos sociétés pour désigner une peine organique et “souffrance” une peine psychique, il faut aller au-delà de la polarité corps-esprit qui marque ces représentations. Opposer la douleur, qui serait “physique”, à la souffrance, qui serait “psychique”, relève d’une…

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