Registre MODIF : impact de la pandémie de Covid-19 en France sur les IDM

Face à la pandémie du Covid-19, ou infection à SARS-CoV-2, les systèmes de soins ont été réorganisés dans le monde entier afin de préserver la capacité d'accueil des hôpitaux. En France, du 17 mars au 11 mai 2020, le gouvernement a imposé un confinement complet de l'ensemble de la population. Seules les procédures cardiaques urgentes ont été assurées, telles que les procédures de revascularisation de l'infarctus du myocarde (IDM) avec sus-décalage du segment ST (STEMI). Quelques études publiées précédemment suggèrent une réduction des admissions pour STEMI dans plusieurs pays, mais les données françaises étaient jusqu’alors manquantes. Ce registre multicentrique rétrospectif a été réalisé auprès de 60 centres français de cardiologie interventionnelle et a inclus tous les patients STEMI adressés pour revascularisation urgente sur la période du 1^er mars au 31 mai 2020 comparée à la même période de l’année précédente. Le critère principal composite associait décès à l’hôpital + complications mécaniques. Le critère secondaire était représenté par la survenue de complications liées à l'IDM pendant l'hospitalisation. Les résultats (figure 1) montrent, au cours de la période de confinement, une diminution significative de 13,9 % des admissions pour STEMI, une augmentation du délai de réalisation de l’angioplastie de l’ordre de 25 minutes en moyenne et une augmentation de près de 2,0 % sur le critère principal (décès intrahospitalier + complications), toutes 2 significatives. L’augmentation du décès toutes causes au cours de l’hospitalisation n’était en revanche pas significative.

L’augmentation du délai de réalisation de l’angioplastie est en rapport avec une augmentation significative du délai préhospitalier (figure 2), un temps de prise en charge médicale qui est inchangé et une augmentation significative du temps total d’ischémie. En analyse multivariée, ressortent comme facteurs significativement aggravants du critère principal l’âge (par décade), le sexe féminin, le diabète, des antécédents d’atteinte vasculaire distale, d’atteinte coronaire, d’arrêt cardiaque initial et l’augmentation du délai entre le début des symptômes et la réalisation de l’angioplastie (augmentation de 120 minutes). Le confinement, à lui seul et même après ajustement sur les facteurs précédents, est un facteur significativement aggravant (OR = 1,47 ; p = 0,008).