Éditorial

Dépistage : “Aussi simple que la réservation d'un vol d'avion !”


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Le Pr Sir Mike Richards, ancien directeur du pôle cancer au NHS (National Health Service), interviewé par la BBC il y a quelques mois, déclarait que les programmes de dépistage (col, sein, côlon) permettaient de sauver 9 000 vies chaque année. Afin que les résultats de ce dépistage soient optimisés, il proposait que celui-ci s'adapte aux modes de vie actuels de personnes très occupées en rendant les rendez-vous de dépistage aussi simples que la réservation d'un billet d'avion.

À peu près à la même époque, l'INCa publiait son rapport d'activité concernant l'année 2018. Ce rapport faisait une large place à la généralisation du programme national de dépistage du cancer du col de l'utérus. Dans un objectif de réduction des inégalités d'accès au dépistage, la ministre des Solidarités et de la Santé annonçait la prise en charge à 100 % de l'analyse du test de dépistage pour les femmes ne l'ayant pas réalisé depuis plus de 3 ans. Il faut souligner que celles-ci représentent 40 % des femmes âgées de 25 à 65 ans et sont bien entendu concernées par ce dépistage. Ce test simple permettrait une réduction de 30 % en 10 ans de ce cancer qui pourrait à terme disparaître du territoire national si l'on réussit à étendre la couverture vaccinale anti-HPV.

Dans le même but de simplification que les Britanniques, les équipes françaises responsables du dépistage du cancer du côlon ont révisé les modalités de mise à disposition des kits de dépistage qui devraient faciliter l'accès à ce test.

On le voit, le dépistage du cancer n'est pas aujourd'hui figé sur une photo jaunie. Des progrès restent cependant à faire. L'amélioration des techniques d'imagerie associées ou non à l'intelligence artificielle, la mise au point de nouveaux biomarqueurs et surtout l'utilisation de biopsies liquides permettant une recherche de cellules tumorales circulantes ou des tests géniques approfondis pourraient apporter une aide aux processus déjà engagés. Tout est bon à prendre, y compris les chiens renifleurs qui font l'objet d'un programme de recherche dans un centre anticancéreux parisien réputé.

À côté de ces défis, le principal sujet qui retient l'attention aujourd'hui est une meilleure identification des sujets les plus à risque de cancer. Un exemple nous en a été donné en septembre dernier avec une nouvelle publication de l'USPSTF (US Preventive Service Task Force). Dans cette publication, les recommandations de dépistage des mutations de BRCA1 et 2 s'étendent. Elles étaient limitées jusqu'à présent aux femmes ayant des antécédents familiaux de mutations, elles sont actuellement élargies à l'origine ethnique et à leurs antécédents personnels. Un autre exemple nous avait été précédemment rapporté à l'ASCO® avec les résultats d'une étude recherchant, chez les patients ayant le statut MSI, un syndrome de Lynch sous-jacent. La surprise était venue du taux élevé de résultats positifs et surtout d'un élargissement du spectre des tumeurs concernées.

Pour nous aider, consultons les différentes recommandations existantes ou leur mise à jour et aussi, sur cancer.net, les thèmes tels que Genetic Testing for Cancer Risk.

Enfin, à côté du dépistage, n'oublions pas la prévention primaire et suivons les recommandations de l'American Cancer Society :

  • restons à l'écart du tabac ;
  • protégeons notre peau du soleil ;
  • contrôlons notre poids ;
  • restons actifs et pratiquons une activité physique régulière ;
  • surveillons notre régime alimentaire en augmentant, si possible, la consommation de légumes et de fruits ;
  • limitons notre consommation d'alcool (ou supprimons-la complètement !) ;
  • apprécions notre risque personnel et familial en reprenant l'historique de la famille, en effectuant régulièrement des bilans de santé et participons aux tests de dépistage recommandés par les autorités de santé.

Liens d'intérêt

J. F. Morère déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.