L’acupuncture est l’une des thérapies non pharmacologiques les plus couramment utilisées dans le cadre de la médecine complémentaire lors d’une thérapie anticancéreuse. Il a été constaté que l’acupuncture “verum” (véritable acupuncture), contrairement à la “sham” acupuncture (acupuncture fictive), réduisait les vomissements pendant une chimiothérapie et le besoin de médicaments antiémétique. L’objectif était d’étudier les nausées, les vomissements et le besoin d’antiémétiques de secours chez des patients recevant une acupuncture antiémétique, une acupuncture fictive ou des soins standards au cours d’un traitement anticancéreux.

Cette étude randomisée (1) a été effectuée dans 2 hopitaux suédois et comparait les groupes acupuncture (simulée versus vraie) associés aux soins standard versus soins standard seuls. Tous les patients recevaient une chimiothérapie modérément ou hautement émétisante selon leur protocole associée à une radiothérapie. Les séances d’acupunctures, réalisées par des kinésithérapeutes formés dans le domaine, duraient 30 minutes au rythme de 3 par semaine. Ils suivaient un protocole de traitement standardisé couvrant les placements et stimulations des aiguilles. Dans le groupe acupuncture simulée, l’aiguille ne pénétrait pas la peau et une pression était effectuée plus haut que le point anti-émétique PC6 (pour pallier l’effet par acupression). Le traitement standard suivait les recommandations de l’ESMO 2017. L’étude était divisée en 2 parties, la première transversale évaluait l’effet des différents traitements jusqu’à la fin de la radiothérapie et la deuxième longitudinale évaluait l’effet des deux acupunctures sur le long terme durant une chimiothérapie.

Cette étude a inclus 68 patients, répartis en 28 dans le groupe acupuncture vraie, 29 dans le groupe acupuncture simulée et 11 pour les soins standard seuls. Il s’agissait en majorité de femme (75 %) d’un âge médian de 56 ans. 43 % des patients avaient déjà eu une chimiothérapie dont 64 % ont déjà eu des nausées comme effet secondaire.

Comparaison transversale (jusqu’à la fin de la radiothérapie) :
Les patients du groupe acupuncture “simulée” et du groupe soins standard seuls étaient plus nombreux (85 % ; p = 0,019 et 63 % ; p = 0,426, respectivement) à avoir besoin d’antiémétiques de secours que ceux du groupe d’acupuncture “vraie” (47,1 %). Ils ne retrouvaient aucune différence significative entre les groupes pour la survenue de nausée/vomissement malgré une tendance en faveur de l’acupuncture “vraie” (figure). Les patients du groupe d’acupuncture “vraie” ont éprouvé des nausées moins intenses que les autres patients (p = 0,049).

Comparaison longitudinale :
Un plus grand nombre de patients du groupe acupuncture “simulée” (97 %) ont dû consommer au moins une fois tout type d’antiémétiques de secours par rapport aux patients du groupe acupuncture “vraie” (75 %) (p = 0,025 ; RR = 1,29 ; IC₉₅ : 1,03-1,61). Ni le nombre de jours de nausées ou la proportion de patients souffrant de nausées/vomissements au cours des différentes semaines ne diffèrent de manière statistiquement significative entre le groupe acupuncture “vraie” et “simulée”.

Effets secondaires :
L’acupuncture “vraie” était légèrement ou modérément douloureuse dans 35,7 % et 17,9,% des cas, respectivement. Un saignement survenait dans 50 % des cas et des vertiges dans 17,9 %.

Ce que cet article apporte à ma pratique :

• L’acupuncture comme médecine alternative peut apporter une plus-value en association avec un traitement antiémétique standard.
• L’acupuncture semble diminuer le besoin de recourir à des antiémétiques de secours.
• L’acupuncture peut être proposée aux patients réticents aux médicaments conventionnels.
• Cette technique doit être réalisée par des physiothérapeutes expérimentés.
• Il ne faut pas oublier de surveiller la numération-formule sanguine avant d’autoriser l’acupuncture devant la fréquence des saignements (même s’ils sont peu abondants).

À retenir : L’utilisation de l’acupuncture ne peut être un traitement de substitution en soi, mais peut aider à soulager des nausées rebelles en association avec des antiémétiques standard.