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Peut-on reprendre l’immunothérapie après une progression ou une toxicité ?


Les inhibiteurs de checkpoint immunitaire (ICI) sont bien tolérés mais peuvent engendrer des effets secondaires majeurs. Il est admis que nous pouvons reprendre les ICI après un grade 2, mais qu’en est-il pour les grades supérieurs ? C’est l’objet de cette étude rétrospective multicentrique de l’équipe de l’IGR (1), en utilisant les données de leur cohorte immunoTOX du 1er aout 2015 au 25 novembre 2018, vérifie la possibilité d’une réadministration après un événement de grade ≥ 2.

Sur le total de 159 patients de la cohorte, seuls 93 entrent dans les critères. Parmi ceux-ci, 52 % étaient des femmes, l’âge médian était de 62,5 [33-85] ans et la durée médiane de suivi était de 14 [4,3-48] mois. Il y avait 31 (33 %) mélanomes, 15 (16 %) CBNPC et 39 (42 %) autres cancers. La plupart recevaient une monothérapie par anti-PD-1 (46 [50 %]) ou anti-PD-L1 (9 [10 %]) et parfois un combo (8 [9 %]). Les différents évènements initiaux sont résumés dans le tableau I. À noter que plus de la moitié de ces toxicités ont été traitées par corticoïdes et 7 par d’autres immunosuppresseurs.

8-Revue de presse immunothérapie après progression JB Assié-Dia1-V2

Sur les 93 patients, 40 (43 %) bénéficieront d’une réadministation après une discontinuation médiane de 3,8 [1-169] semaines. Pour les autres, les ICI ont été interrompus pour progression (16 [30 %]), la sévérité initiale de l’effet indésirable (16 [30 %]) ou sur décision du médecin référent (21 [40 %]). Par ailleurs, aucune différence significative d’âge, de sexe, de durée de traitement, de grade de la toxicité ou de mise en œuvre d’une corticothérapie n’existait entre les patients qui ont ou non repris le traitement.

Sur les 40 ayant un rechallenge, 18 (45 %) n’auront pas de nouvelle toxicité mais 17 (42,5 %) auront le même type de toxicité et 5 en auront une différente. Il y avait 38 % de grade 2, 48 % de grade 3 et 14 % de grade 4, donc aucun grade 5. De plus, les toxicités après réadministration ne sont pas plus sévères et sont résumées dans le tableau II.

8-Revue de presse immunothérapie après progression JB Assié-Dia2-V2

Concernant la recherche d’un facteur prédictif pour la survenue d’un deuxième événement, le seul ressortant est un temps plus court entre le début du traitement par ICI et l’événement initial (9 versus 15 semaines ; p = 0,04). De plus, il n’y aucune différence significative concernant la SSP médiane entre ceux ayant une réadministration (19,1 [17-NR] mois) versus ceux qui n’en bénéficient pas (23,6 [10,2-NR] mois). La médiane de survie globale n’est pas atteinte pour les 2 groupes. Parmi les patients rechallengés, 9 ont une réponse partielle et 17 présentent une stabilité.

Ainsi, ces résultats suggèrent que les ICI peuvent être réutilisés dans différents cancers mais avec un risque de récidive au même grade dans 55 % des cas.

Ce que cet article apporte à ma pratique :

  • Une toxicité récidive chez 50 % des patients retraités après un grade > 2, venant conforter les résultats de l’étude de Santini et al. (2).
  • Cela nous rassure et peut éviter de condamner les ICI même chez des patients ayant eu une toxicité grade 3-4, sous un contrôle rapproché.
  • La récidive n’est pas obligatoire et n’est pas plus importante que la toxicité initiale.
  • Le rechallenge ne semble pas améliorer la survie des patients.
  • Chez des patients développant une toxicité très rapidement, le rechallenge ne semble pas bénéfique.
  • Il ne faut pas réadministrer les ICI lors de toxicité cardiaque, neurologique ou myosite sévère.
  • Il est important de colliger et de participer à ces RCP sur les toxicités des ICI locales ou régionales pour mieux avancer dans nos recherches.

Références

1. Simonaggio A et al. Evaluation of readministration of immune checkpoint inhibitors after immune-related adverse events in patients with cancer. JAMA Oncol 2019 Jun 6, doi:10.1001/jamaoncol.2019.1022 [Epub ahead of print].

2. Santini FC et al. Safety and efficacity of re-treating with immunotherapy after immune-related adverse events in patients with NSCLC. Cancer Immunol Res 2018;6:1093-9.


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