Éditorial

Attractivité de l'hépato-gastro­entérologie : la spécialité se classe au 14e rang des disciplines choisies par les internes de la promotion ECN 2017


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L'arrêté du 21 avril 2017 “relatif aux connaissances, aux compétences et aux maquettes de formation des diplômes d'études spécialisées et fixant la liste de ces diplômes et des options et formations spécialisées transversales du troisième cycle des études de médecine” constitue une nouvelle étape dans la réforme du troisième cycle entamée en 2009. Il donne un choix entre 44 spécialités, contre 30 en 2016, et a donc été appliqué aux internes issus des épreuves classantes nationales informatisées (ECNi). Cet arrêté de 273 pages instaure 3 temps d'apprentissage, avec une phase socle de 1 année, une phase d'approfondissement de 2 à 3 ans selon les disciplines et une phase de consolidation de 1 ou 2 ans. Pour l'hépatogastroentérologie, malgré le souhait des enseignants et de l'Association française des internes d'hépatogastroentérologie (AFIHGE) [1] de passer à une durée totale de 5 ans d'internat, la durée a été fixée à 8 semestres, avec 4 semestres d'approfondissement et 2 semestres de consolidation. Notre spécialité est devenue médicotechnique, et cette durée de 4 ans rend difficile la réalisation des 200 échographies abdominales, 200 endoscopies hautes, 200 coloscopies, 50 polypectomies et 50 hémostases endoscopiques, sans compter les 50 examens proctologiques et les 10 dilatations au ballonnet théoriquement nécessaires à la validation de la phase 3 de consolidation !

Le passage à 44 spécialités (13 chirurgicales, 30 médicales et la biologie) offrait donc des possibilités plus importantes aux internes de la promotion 2017 au moment d'un choix crucial pour leur vie professionnelle. Au total, 8 281 postes étaient ainsi proposés aux 7 978 internes (4 545 femmes, soit 57 %, et 3 433 hommes), le choix de spécialité s'effectuant selon le classement obtenu aux ECNi.

Un indice d'attractivité tenant compte du rang de classement des candidats et du nombre de postes ouverts dans chaque filière peut être calculé pour chaque spécialité (2). Sans surprise, l'ophtalmologie demeure, comme les années précédentes, la spécialité la plus recherchée, avec un indice de 0,086, suivie par une nouvelle discipline, la chirurgie plastique, reconstructive et esthétique (0,088). Les maladies infectieuses et tropicales (nouvelle spécialité) figurent en troisième position et ont été choisies par la major du concours. Suivent les grandes spécialités traditionnellement prisées comme la cardiologie, la dermatologie, la néphrologie et la radiologie. L'hépatogastroentérologie, avec 122 postes, tous pourvus, se place en 14e position, avec un indice de 0,222. Pour avoir accès à notre spécialité, le rang de classement du candidat devait au plus être de 3 898, et le rang moyen de choix était de 1 703. La représentativité des femmes est identique en hépatogastroentérologie à celle de la population générale (57 %), alors qu'elle est de 98,4 % en gynécologie médicale (63 femmes pour 64 postes). À noter que la chirurgie viscérale, spécialité importante pour nos patients, est en 28e position, avec 77 postes et un indice de 0,373, et que la pneumologie, dont la durée d'internat est passée à 5 ans, est en 23e position.

On connaît les déboires rencontrés par l'ECNi, ce qui constitue une bonne raison de réformer une nouvelle fois l'internat ! L'objectif est de “sortir du tout ECN”, épreuve couperet avec un bachotage théorique intensif et l'ingurgitation d'une masse de connaissances qui servira peu au cours de la carrière professionnelle.
Le professeur Jean-Luc Dubois-Randé est en charge d'une commission devant faire des propositions de refonte du deuxième cycle et de l'accès au troisième cycle. À suivre !

Références

1. Schaefer M, Bureau de l’AFIHGE. L’hépato-gastroentérologie en péril ! Hépato Gastro 2017;24:103-5.

2. Gattuso C. ECNi 2017 : les spécialités qui font vibrer les internes. Le Quotidien du médecin 25.09.2017.