Éditorial

Pathologies du voyageur


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Puisque l'été, période où les voyages sont les plus nombreux, se profile, nous avons choisi de vous proposer un dossier sur les pathologies du voyageur.

Nous commençons par un article concernant la prévention du paludisme. C'est Ludovic de Gentile, qui a participé à l'élaboration des recommandations de la dernière conférence de consensus (juin 2017), Jean-Philippe Lemoine et Marine de la Chapelle qui sont les auteurs de cet article, p.92. Ils insistent sur l'importance de la prévention, qui ne peut se résumer à une simple prescription d'antipaludiques. Ils soulignent qu'il est essentiel de s'assurer que le voyageur a une compréhension suffisante du risque pour que les mesures de prévention conseillées soient observées. Concernant les modalités d'utilisation de la prophylaxie médicamenteuse, celles-ci ont été récemment revues à la baisse pour les séjours en Asie. Un tableau synthétique indique la nécessité ou non de prescrire une chimioprophylaxie antipaludique en fonction de la durée du séjour et du pays visité.

La prévention des piqûres de moustiques est indispensable pour prévenir le paludisme ainsi que la dengue, le chikungunya et le zika. Les topiques cutanés disponibles sont nombreux, aussi nous a-t-il paru essentiel de faire le point sur l'efficacité et la toxicité potentielles des molécules proposées. Frédéric Sorge, pédiatre tropicaliste, a rédigé un point d'actualité très complet, molécule par molécule (p. 98). Il nous précise leurs modalités d'application en fonction de l'âge et en cas de grossesse. Il faut souligner que certains produits, bien que commercialisés, sont en cours d'évaluation.

La dengue est le diagnostic différentiel principal du paludisme. C'est la plus fréquente des arboviroses transmises par piqûre de moustique. L'équipe guyanaise de Loïc Epelboin souligne les limites du seul vaccin actuellement disponible et insiste sur l'importance de la connaissance de cette maladie, d'autant plus qu'en raison du réchauffement climatique, et de l'implantation d'Aedes albopictus en Europe, cette pathologie tropicale pourrait devenir une pathologie autochtone (p. 104). Savoir diagnostiquer la dengue et en connaître les signes de gravité devient donc, de plus en plus, une nécessité.

Comme le paludisme et la dengue, la schistosomose (bilharziose) fait partie des causes de fièvre du voyageur. Non seulement celle-ci peut être absente lors de la contamination (phase d'invasion), mais les symptômes peuvent apparaître bien longtemps après le voyage, comme nous le rappelle Stéphane Jauréguiberry, infectiologue, et Luc Paris, parasitologue (p. 111). Ils concentrent leur propos sur la bilharziose digestive chronique. À l'aide d'observations, très démonstratives, ils soulignent l'importance du dialogue clinicobiologique pour aboutir à ce diagnostic, trop souvent négligé.

Les mycoses exotiques que sont l'histoplasmose et la coccidioïdomycose sont un risque émergent pour le patient immunodéprimé, plus particulièrement sous immunomodulateur (anti-TNFα). Les champignons dimorphiques qui en sont la cause sont endémiques aux États-Unis (centre et Nord-Est pour l'histoplasmose et régions désertiques du Sud-Ouest pour la coccidioïdomycose). Marc Pihet, mycologue, nous fournit l'épidémiologie la plus récente sur le sujet (p. 116). Il insiste sur le risque encouru par le personnel de laboratoire lors de la manipulation des cultures (histoplasme et coccidioïdes sont des agents de bioterrorisme) et souligne l'importance pour le clinicien de signaler systématiquement toutes les suspicions d'histoplasmose et de coccidioïdomycose au laboratoire, afin que les mesures de protection indispensables puissent être mises en œuvre (ensemencement des prélèvements uniquement en tubes et non-ouverture de ces derniers, sauf sous une enceinte de sécurité de type P3).

Enfin, nous terminons ce dossier par les principales lésions parasitaires du voyageur. Celles-ci ont la particularité de pouvoir être diagnostiquées par la seule inspection, pour la plupart d'entre elles. La riche iconographie de l'article en est donc l'apport essentiel, et à ce titre, je remercie la collégiale des spécialistes en parasitologie et mycologie de France pour leur site en ligne www.eanofel.fr, dont sont issues les photos qui ont complété ma collection personnelle (p. 122).

Puisse cette sélection vous apporter satisfaction.
Bon voyage parmi nos articles.


Liens d'intérêt

A. Paugam déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.