Éditorial

Quoi de neuf en attendant 2022 ?


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Ce traditionnel numéro best of fait suite à ceux de 2020 et 2019, et, malheureusement, le monde a encore été fortement impacté par le Covid-19 ; cela commence à devenir une mauvaise habitude ! Je me garderai bien de faire des projections sur ce que sera 2022 en termes d'évolution du Covid-19, car personne n'aurait imaginé ces 2 dernières années telles que le monde les a vécues.

Pourtant, un vent d'optimisme souffle en ce début d'année, avec l'espoir d'une année 2022 moins difficile…

On ne va donc pas jouer aux apprentis sorciers, et ce numéro n'a pas d'autres ambitions que de vous rapporter les articles qui ont semblé les plus marquants de 2021 au comité de rédaction. Une très faible place y est faite au Covid-19, d'une part, parce que les données évoluent très rapidement et sont quasiment obsolètes quelques semaines après publication, d'autre part, parce qu'un numéro spécial lui a déjà été consacré en 2021.

Il faut bien reconnaître que, malgré l'actualité scientifique et surmédiatisée sur le Covid-19, plusieurs articles d'infectiologie générale ont été publiés en 2021 avec un impact direct sur nos prises en charge. Ainsi, comme le souligne David Lebeaux, l'adjonction de la clindamycine à une β-lactamine pour la prise en charge d'une infection invasive à streptocoque β-hémolytique est associée à un bénéfice en termes de mortalité, même en l'absence d'un choc septique ou d'une fasciite nécrosante.

Les durées des traitements antibiotiques font, depuis quelques années, l'objet d'études pour tenter de les réduire, afin d'éviter les résistances.

Alors que des études récentes, en particulier dans les infections osseuses, ont permis une avancée significative, l'étude de L. Bernard et al. portant sur les durées de traitement des infections articulaires sur prothèse montre que 6 semaines ne sont pas inférieures à 12 semaines. C'est, avec l'étude de M. Lafaurie sur les prostatites (7 jours non inférieurs à 14 jours), la deuxième étude de l'année à tempérer les réductions de durée des infections, rappelant ainsi le bon sens clinique : une infection sur prothèse a des spécificités ainsi que la prostate !

Toujours dans les articles qui impactent notre prise en charge, celui sur la prise en charge des rectites à Chlamydia trachomatis (A. Lau et al.) montre une supériorité clinique de la doxycycline 200 mg/j pendant 7 jours versus une monodose d'azithromycine.

Dans le domaine de la pharmacologie, Florian Lemaitre rapporte son analyse critique des résultats d'une étude qui compare l'efficacité du voriconazole au posaconazole. Les auteurs concluent à la non-inferiorité, mais elle ne pourrait réellement être affirmée que si les patients du groupe voriconazole avait bénéficier d'un monitorage pharmacologique !

Sur le plan des nouveautés thérapeutiques, Olivier Barraud souligne l'intérêt du céfidérocol, nouvelle céphalosporine sidérophore, pour le traitement des infections à bacilles à Gram négatif multirésistants.

En ce qui concerne la prise en charge de l'infection à VIH, l'année 2021 a été marquée par le développement de nouvelles molécules permettant d'offrir des options thérapeutiques aux patients en situation d'échec complexe, mais également par l'arrivée du traitement injectable par cabotégravir + rilpivirine, avec les résultats de l'étude ATLAS-2M qui permettent d'envisager ce schéma avec des injections toutes les 8 semaines, schéma que présente ici Valérie Pourcher.

Les anticorps monoclonaux ont largement été utilisés pour la prise en charge de l'infection à SARS-CoV-2. Loïc Epelboin rapporte, dans ce numéro, les premiers résultats intéressants d'une approche de prévention du paludisme par des anticorps monoclonaux.
Pour rester dans le domaine du Covid-19, Jérôme Le Goff expose les résultats d'une étude du journal Nature, étude qui montre l'échappement du variant omicron à la neutralisation aux anticorps, en particulier aux anticorps monoclonaux, nécessitant ainsi la mise à disposition d'autres anticorps (sotrovimab) ou une injection de rappel (effet booster) pour garder une réponse anticorps efficace contre les formes graves d'infection par omicron.

L'infection par le SARS-CoV-2 a été associée chez certains patients à une infection fongique, en particulier aspergillose ou mucormycose. L'article sélectionné par André Paugam montre bien que, pour la mucormycose, c'est probablement davantage le terrain (diabète mal équilibré) plutôt que le Covid-19 qui est à l'origine de cette infection.

Tout le comité éditorial espère que ce numéro vous sera utile dans votre pratique et que 2022 permettra de retrouver un monde sans Covid : rêvons un peu !



Liens d'intérêt

J.L. Meynard déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.