Sexualité et maladies neurologiques : le paradoxe
“Le sexe sans amour est une expérience vide.
– Oui, mais parmi les expériences vides, c'est une des meilleures !”
(Woody Allen)
Nous sommes dans une situation paradoxale : nous n'avons jamais entendu autant parler de sexualité dans les médias et aussi peu parlé de sexualité avec nos patients !
D'où vient cette pudeur ? Éducation ? Réflexe de protection du corps médical ? Réticence des patients à aborder un sujet aussi intime ? Formation médicale trop peu axée sur la globalité de la prise en charge des patients et, notamment, sur la façon d'aborder la sexualité ? Pourtant, lorsque l'on lit ce numéro, on se rend compte de l'ampleur du problème en neurologie : 50 à 90 % des hommes et 45 à 70 % des femmes souffrant de SEP développeront des troubles sexuels, 64 % des hommes, et 54 % des femmes n'ont plus aucun rapport sexuel dans les suites d'un AVC, 25 % à 57 % des patients ayant une épilepsie chronique souffrent de dysfonction sexuelle, etc.
Les troubles de la sexualité sont une véritable comorbidité de nombreuses pathologies neurologiques chroniques, majorant le handicap et altérant parfois sévèrement la qualité de vie des patients. Ces dysfonctions sexuelles, qu'elles soient du domaine de l'hyposexualité ou de l'hypersexualité, sont le plus souvent d'origine plurifactorielle et, de ce fait, peuvent s'avérer complexes à traiter. Il existe néanmoins des traitements, spécifiques ou non, qui peuvent atténuer les troubles sexuels rapportés par les patients et donc contribuer à améliorer leur qualité de vie. Par ailleurs, en parler avec nos patients, c'est déjà le premier pas pour reconnaître leur souffrance et ne pas se cantonner à un non-dit, source de mal-être et de perte de confiance. Alors si on osait enfin demander à nos patients :
“Pouvez-vous me dire si parfois vous éprouvez des difficultés sexuelles ?”
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