Autisme et déficience intellectuelle : le point sur la question
- La déficience intellectuelle vraie est retrouvée dans une fraction seulement des tableaux autistiques. Elle se mesure par des tests non verbaux. Lorsqu'elle est présente, elle oriente vers des tableaux syndromiques, avec condition neurogénétique associée, qu'elle soit ou non identifiable.
- La fausse déficience intellectuelle dans l'autisme se caractérise par des performances verbales effondrées, alors même que les compétences non verbales sont normales. Elle est caractéristique de l'autisme franc, sans condition neurogénétique associée. Elle se retrouve dans l'autisme prototypique. Elle tend à disparaître dans la majorité des cas à l'âge adulte, lorsque le langage s'améliore.
- Il existe des proxy comportementaux pour estimer cliniquement l'intelligence quand on ne peut pas, ou pas encore, la tester. Un des plus fiables est l'âge de la marche, mais l'existence de pics d'habileté spécifiques en est un autre.
Liens d'interêts
L. Mottron déclare avoir des liens d’intérêts avec ASADIS.
D. Gagnon n’a pas précisé ses éventuels liens d’intérêts.
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Figure 1. Probabilité d’avoir développé un langage fonctionnel selon l’âge, dérivée d’une régression logistique, selon l’historique de régression du langage et la présence ou non d’une déficience intellectuelle (DI) (QI non verbal < 70). La probabilité de pouvoir utiliser le langage oral de façon fluide est beaucoup plus influencée par l’intelligence non verbale que par un antécédent de régression du langage. Il peut être attendu que presque l’ensemble des enfants autistes sans déficience intellectuelle atteindront un usage fluide du langage oral avant l’âge de 18 ans et ce, avec ou sans antécédents de régression du langage. Ce niveau est atteint chez environ 75 % des autistes sans DI à l’âge de 8 ans, et vers l’âge de 10 ans lorsqu’il y a un antécédent de régression du langage. Cette proportion est atteinte beaucoup plus tard pour les enfants ayant une déficience intellectuelle.

Figure 2. Relation entre le quotient intellectuel global selon l’échelle WISC-III et les matrices progressives de Raven chez les enfants autistes (A) et les enfants témoins (B). La ligne diagonale en pointillé dans les 2 graphiques représente les scores des matrices de Raven égaux aux scores WISC-III, tandis que la ligne diagonale pleine représente les scores des matrices de Raven qui sont 50 centiles supérieurs aux scores WISC-III. Les cercles indiquent la concentration des scores chez les autistes et les témoins. On remarque chez les autistes une plus grande performance lors de la complétion des matrices de Raven. Notons qu’au Raven certains autistes dépassent de plus de 70 centiles leur score du WISC-III.

Autisme prototypique | Autisme syndromique | |
---|---|---|
Génétique | Rares variations du nombre de copies | Variations fréquentes du nombre de copies |
Type de déficience prédominante | Fausse déficience intellectuelle | Vraie déficience intellectuelle |
Morphotype | Macrocéphalie, ou typique | Dimorphisme facial, microcéphalie, ou typique |
Âge de la marche | Non retardé le plus souvent | Fréquemment retardé |
Atteinte neurogénétique | Prévalence analogue à celle de la population générale |
Par définition ; épilepsie fréquente, CGH+ |
Intérêts | Perceptifs (patterns, lettres, mécanismes) | Répétitifs par appauvrissement |
Performance | Au moins une tâche réussie à un niveau ou une vitesse supérieure à toutes les autres | Toutes les tâches sont réussies à un niveau inférieur de l’âge chronologique |
Langage | Non verbal avant 4-5 ans, verbal ensuite (sauf 10 %) |
Non verbal, ou dysphasique |
Intelligence | Intelligence verbale de déficitaire à intacte Intelligence non verbale intacte |
Intelligence verbale et non verbale le plus souvent déficitaire |