Editorial

Problèmes rhumatologiques au cours du diabète : ce que le rhumatologue doit savoir


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Les sujets diabétiques sont fréquemment confrontés à des problèmes ostéoarticulaires, qui constituent au final un problème récurrent en consultation de rhumatologie. Une prise en charge optimale nécessite de bien connaître ces manifestations ainsi que leurs mécanismes de survenue, mais aussi d'identifier la pertinence des traitements rhumatologiques qui peuvent, le cas échéant, rompre l'équilibre diabétique.

En termes de mécanismes pathogéniques, il est vraiment important de bien comprendre le principe de la réaction de Maillard, qui est responsable de beaucoup de complications à moyen et long terme du diabète, qu'il soit insulinodépendant (type 1) ou non (type 2). La réaction de Maillard est une conséquence de l'hyperglycémie chronique, laquelle est responsable de perturbations de la glycosylation des protéines et de modifications de leur structure. La réaction aboutit à un dépôt de produits de dégradation (advanced glycation end products, ou AGE) sur différents tissus, notamment les molécules de collagène. Il en résulte une altération des propriétés physiques et chimiques du collagène, lui faisant perdre ses capacités d'élasticité à différents niveaux :

  • vasculaire, ce qui est responsable d'un athérome accéléré ;
  • ophtalmologique, avec une perte de la transparence du cristallin, conduisant à une cataracte précoce ;
  • articulaire et périarticulaire (ligaments et tendons), à l'origine d'un syndrome appelé syndrome d'enraidissement articulaire pouvant toucher les épaules (capsulite rétractile diabétique), les hanches (sorte de capsulite survenant surtout chez les enfants diabétiques) ainsi que les gaines tendineuses des doigts (doigt à ressaut, maladie de Dupuytren ou chéiroarthropathie diabétique).

Ces manifestations sont donc plus fréquentes chez les diabétiques que dans la population générale, avec une incidence multipliée par 2 à 4. Leur prise en charge nécessite une adaptation de celles habituellement mises en œuvre : la part rééducative, notamment, est plus importante et plus souvent prolongée, et, surtout, le recours aux infiltrations corticoïdes requiert une plus grande prudence sur ce terrain à risque.

De façon beaucoup plus rare, les rhumatologues peuvent être confrontés aux problèmes des pieds diabétiques, notamment la survenue d'une ostéoarthropathie nerveuse (pied de Charcot), complication du diabète grave mais fort heureusement moins fréquente de nos jours, du fait des nombreuses innovations thérapeutiques antidiabétiques apparues durant ces dernières années. Néanmoins, ces ostéoarthropathies nerveuses méritent d'être connues, car leur pronostic dépend d'un diagnostic précoce et de l'instauration rapide de thérapeutiques adaptées afin d'éviter des conséquences désastreuses sur l'anatomie du pied.

Dans ce dossier, nous avons essayé de rassembler l'ensemble des complications ostéoarticulaires et leurs modalités de prise en charge, en abordant séparément chaque mécanisme pathogénique et chaque appareil. Nous avons complété notre propos avec un point sur les traitements modernes du diabète, notamment du diabète de type 2, et un article sur les difficultés de la gestion des corticoïdes chez les patients diabétiques du point de vue du diabétologue. Que Correspondances en Métabolismes Diabètes Hormones & Nutrition et ses experts soient grandement remerciés pour cela.

Toute l'équipe de la rédaction de La Lettre du Rhumatologue ainsi que les auteurs de ces articles espèrent que vous trouverez dans ce dossier des informations utiles et pertinentes pour votre pratique rhumatologique au quotidien.

Très bonne lecture à tous.


Liens d'intérêt

L’auteur déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec l’article.