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Halte aux tabous et aux problématiques liés aux menstruations !
Dans notre société, les règles restent encore aujourd’hui un sujet tabou : les femmes et surtout les jeunes filles sont souvent mal à l’aise à l’idée d’en parler, notamment avec les professionnels de santé, ou bien n’abordent le sujet qu’en termes négatifs, par exemple en se plaignant des symptômes physiques ou psychologiques qu’elles peuvent éprouver en période menstruelle ou prémenstruelle [1-3]. De fait, dans une enquête française réalisée en 2019 auprès de gynécologues, sages-femmes, médecins généralistes et infirmières, le tabou des règles constituait le premier obstacle identifié par les interviewés pour expliquer leurs difficultés à dialoguer avec les femmes sur les bonnes pratiques d’hygiène menstruelle [4].
Les règles s’associent en outre à d’autres problématiques, telles qu’un déficit d’information des femmes sur les protections menstruelles, le coût de ces protections pour les femmes ayant des difficultés financières ou en situation de précarité, la prévention du syndrome de choc toxique (SCT) associé au port de protections intravaginales et la prise en charge de pathologies associées à des troubles menstruels comme l’endométriose [1].
Un rapport parlementaire inédit pour faire bouger les lignes [1]
Pour la première fois, un rapport parlementaire d’information de plus de 100 pages, publié au nom de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, a récemment dressé un panorama des problématiques relatives aux menstruations, tout en proposant des actions concrètes pour y remédier [1].
Quatre grands axes de réflexion [1]
Le rapport propose une réflexion articulée autour de 4 grands thèmes :
- Déconstruire le tabou des menstruations. Sur ce thème, le rapport pointe en particulier un déficit d’information des femmes sur des sujets comme le fonctionnement du cycle menstruel ou l’hygiène intime, à l’origine de nombreuses idées fausses pouvant avoir des conséquences préjudiciables pour leur bien-être et leur santé.
- Mieux répondre aux enjeux liés à l’utilisation des protections menstruelles. Ce chapitre insiste en particulier sur l’enjeu fondamental que représente l’information des femmes sur les bonnes pratiques d’utilisation des protections intravaginales, afin d’éviter le risque de survenue d’un SCT, car, comme le rappellent les auteures : “Les études actuelles montrent que le risque est principalement lié aux conditions d’utilisation.” En réponse à l’intérêt croissant porté au respect de l’environnement, le chapitre aborde également le thème du recyclage des protections menstruelles.
- Lutter contre la précarité menstruelle. Selon le rapport, cette lutte constitue une priorité “qui doit ainsi être abordée de manière franche et pragmatique afin d’apporter à chaque situation une solution adaptée”. À l’appui de cette recommandation, les auteures soulignent que, selon un sondage IFOP réalisé en 2019 [5], 10 % des femmes interrogées parmi le “grand public” et 29 % de celles interrogées parmi les bénéficiaires d’associations sociales renoncent par manque d’argent à changer de protection hygiénique aussi souvent que nécessaire.
- Améliorer le suivi sanitaire pour mieux vivre les règles et briser le tabou. Sur ce sujet, deux sous-thèmes sont développés, celui de la prise en compte des menstruations dans le suivi gynécologique des femmes et du rôle des différents acteurs de santé impliqués (médecins généralistes, gynécologues et sages-femmes), puis celui de l’optimisation de la prise en charge de l’endométriose.
Quarante-sept recommandations [1]
Sur l’ensemble des questions traitées, le rapport formule 47 recommandations, dont certaines, très opérationnelles, concernent directement les professionnels de santé.

Références
1. Rapport d’information fait au nom de la Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes sur les menstruations. Par Mme Laëtitia Romeiro Dias et Mme Bénédicte Taurine, députées. Enregistré à la présidence de l’Assemblée nationale le 13 février 2020.
2. Gottlieb A. Menstrual taboos: moving beyond the curse. In: Bobel C et al., editors. The Palgrave Handbook of Critical Menstruation Studies. Chapitre 14. [Internet]. Singapore: Palgrave Macmillan, 2020.
3. McHugh MC et al. Menstrual shame: exploring the role of ‘menstrual moaning’. In: Bobel C et al., editors. The Palgrave Handbook of Critical Menstruation Studies. Chapitre 32 [Internet]. Singapore: Palgrave Macmillan; 2020.
4. Schmautz AC, Lina G. Prevention of menstrual toxic shock syndrome by french health professionals running head: toxic shock syndrome prevention. J Gynecol Res Obstet 2021;7:012-017.
5. IFOP en partenariat avec Dons solidaires. Hygiène et précarité menstruelle. Conférence de presse. Mardi 16 mars 2021. https://www.ifop.com/publication/barometre-hygiene-et-precarite-hygienique-en-france/