Éditorial

Infirmière en pratique avancée (IPA), un maillon essentiel des nouveaux parcours de soins


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La cancérologie apporte chaque année toujours plus d'innovations pour améliorer la prise en charge des cancers : de plus en plus de personnes atteintes d'un cancer guérissent et, pour les malades métastatiques, des progrès considérables permettent souvent une chronicisation de la maladie. C'est formidable, mais cela impose aussi de nombreux changements : comment suivre de plus en plus de patients ? Comment gérer le virage ambulatoire que permet le déploiement des thérapies orales, dont la moitié seront bientôt délivrées en ville ?

Parcours de soins, nouvelles missions, coordination ville-hôpital, article 51 de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018, télésuivi… de nombreuses modifications et expérimentations sont en cours, encouragées également par la crise sanitaire du Covid-19, qui a bousculé et dynamisé les organisations.

Les IPA, aujourd'hui, sont peu nombreuses et très peu connues des patients en général : IDEC (infirmière de coordination), IPA, IDEL (infirmière libérale), ces acronymes appartiennent au monde des professionnels. Les infirmières d'annonce, de coordination, de suivi, de ville sont plutôt identifiées ainsi par les malades. Heureusement, les personnes qui sont suivies par une IPA les connaissent mieux : l'IPA prend soin d'expliciter au patient son rôle et ses missions. Les IPA ont du temps pour des entretiens nourris qui permettent un échange approfondi, elles répondent aux nombreuses questions des patients et mettent en place un suivi adapté, en alternance avec le suivi de l'oncologue.

Mme M., atteinte d'un cancer du sein, est suivie par une IPA : “Je l'ai rencontrée avant ma première chimio, juste après avoir vu le médecin. Elle s'est présentée comme IPA, en précisant que c'était un nouveau rôle et qu'elle allait me suivre pendant le traitement. Je la vois environ 2 fois sur 3 avant les chimios, et je vois l'oncologue 1 fois sur 3. Pour moi, son rôle est complémentaire de celui du médecin. Elle se focalise vraiment sur la gestion des effets indésirables et des symptômes. Elle regarde aussi mes résultats d'analyses de sang et me les explique. Elle prescrit les examens de suivi. Elle évalue à chaque fois ma situation pour les neuropathies et les troubles du transit. Elle est très à l'écoute et prend le temps qu'il faut, c'est un peu mon alliée pour le bien-être. Elle donne son feu vert pour la chimio et, si elle a un doute, elle appelle le médecin pour avoir son avis. Mes questions à l'oncologue concernent plutôt les décisions de traitement et la suite de la prise en charge, c'est différent.”

M. R. a un cancer du poumon : “J'ai la chance d'avoir une IPA qui est arrivée pendant mon parcours de soins. Elle vérifie ma situation et valide que je peux recevoir chacune de mes injections d'immunothérapie. Elle peut également prescrire des médicaments, des rendez-vous de scanner, etc. En fait, elle et ma pneumologue sont complémentaires ; ma pneumologue intervient plutôt sur les urgences ou les cas particuliers ; elles travaillent en binôme. L'IPA libère donc du temps pour la pneumologue, et depuis qu'elle est arrivée dans le service, elles ont toutes les deux plus de temps pour la communication, les échanges, les informations, et pour répondre aux diverses questions. C'est une réelle plus-value dans mon parcours de soins !”

Alors, souhaitons que les nouvelles promotions d'IPA puissent arriver un peu partout dans les centres de soins pour mettre en place ces suivis où elles alternent avec les médecins, permettant aux patients de se sentir en sécurité et d'être accompagnés, et aux équipes de soins d'exercer avec plus de sérénité ! Grâce à leurs nouvelles compétences, les IPA participent à la confiance des patients dans leurs suivis, elles épaulent les médecins spécialistes et renforcent la qualité des parcours de soins en oncologie.


Liens d'intérêt

L. Guéroult-Accolas déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet éditorial.