Chimiothérapie adjuvante : encore un long chemin à parcourir

La chimiothérapie adjuvante à base de sel de platine dans le CBNPC confère un modeste avantage en termes de survie globale (SG), raison pour laquelle est nécessaire de mieux définir les patients les plus susceptibles de bénéficier de ce traitement. La présente étude de phase III visait à évaluer l'utilité prédictive des niveaux d'expression de l'ARN messager (ARNm) pour les marqueurs moléculaires Excision Repair Cross Complementation 1 (ERCC 1) et Thymidylate synthase (TS) dans le CBNPC stade II-IIIA opérés. La randomisation a été effectuée après l'évaluation des niveaux d’expression d'ERCC1 et de TS. Les patients ont été répartis dans chacun des 4 sous-groupes génomiques entre une chimiothérapie à base de sel de platine (au choix de l'investigateur) ou une chimiothérapie définie par les marqueurs (figure). L’objectif principal de l'étude était la SG. Pour l’analyse finale, toutes les chimiothérapies des bras contrôle ont été regroupées dans un seul groupe (groupe témoin) et toutes les chimiothérapies « ciblées » dans un autre (groupe expérimental). Un total de 773 patients a été recruté, avec un âge médian de 64 ans et la majorité présentaient un adénocarcinome en stade II (59 %).  La SG était de 83,5 mois dans le bras témoin et 96,4 mois dans le bras expérimental avec un HR de 0,76 (IC₉₅ : 0,55-1,04 ; p = 0,091). Les toxicités de grade 3-5 ont été signalées plus fréquemment dans le groupe contrôle, notamment la neutropénie (18,9 % contre 13,4 %), la leucopénie (13,3 % contre 3,9 %), la thrombocytopénie (7,7 % contre 3,3 %) et l'anémie (2,7 % contre 0,9 %), avec un profil de tolérance statistiquement favorable pour la thérapie expérimentale (OR = 0,57 ; IC₉₅ : 0,42-0,78 ; p < 0,001). À signaler qu’au moment de l'analyse finale l'étude n'était pas assez puissante, car seulement 46 % des événements attendus ont été collectés. Avec le 336 événements attendus, l’estimation de l‘HR serait de 0,76 (IC₉₅ : 0,61-0,94 ; p = 0,012) et donc significative.

En conclusion, l’étude ITACA montre que la personnalisation de la chimiothérapie adjuvante sur la base de l'expression de l'ARNm de gènes sélectionnés ne confère pas un avantage statistiquement significatif en termes de SG. Des études supplémentaires sont nécessaires pour mieux identifier les patients qui pourraient bénéficier d'un traitement adjuvant.