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Efficacité d’un anticorps monoclonal anti-BDCA2 dans le lupus érythémateux cutané
A l’heure où les traitements biologiques révolutionnent la prise en charge des dermatoses inflammatoires, le lupus érythémateux cutané (LEC) reste une pathologie souvent difficile à traiter, avec des algorithmes thérapeutiques basés essentiellement sur des immunomodulateurs non biologiques. Werth et al. ont présenté une analyse complémentaire de l’étude LILAC (phase IIb) visant à évaluer évaluant l’efficacité d’un anti-BDCA2 (biomarqueur des cellules dendritiques plasmacytoïdes) dans le traitement du LEC. Les patients inclus présentaient un diagnostic de LEC avec score CLASI-A ≥ 8 et au moins une lésion cutanée active. Les corticoïdes oraux étaient autorisés sous réserve d’être stables et avec posologie ≤ 15 mg/j. Les patients étaient ensuite randomisés dans 4 groupes différents, placebo, traitement anti-BDCA2/50 mg/150 mg/450 mg en s.c. et suivis sur 16 semaines. Au total, 132 patients ont été inclus dans cette sous-analyse dont 57 avec un lupus érythémateux systémique (LES) concomitant et 75 avec LEC isolé. Dans le sous-groupe de patients LEC + LES, à 16 semaines, les groupe traités par anti-BDCA2/50mg et 150mg étaient associés à une réduction significative du score CLASI-A versus placebo (amélioration de 43,8 à 47,8 % en moyenne ; p < 0,05). Le bras traité par anti-BDCA-2/450 mg ne montrait pas de réduction statistiquement significative. Dans le sous-groupe des patients LEC sans LES, une réduction significative du score CLASI-A était observée pour les groupes anti-BDCA2/150 et 450 mg (49,1 à 52 % d’amélioration) mais pas dans le groupe 50 mg. Enfin une dernière sous-analyse a comparé les patients en fonction de leur sévérité à l’inclusion (CLASI-A < 10, n = 26 ; versus patients plus sévères avec CLASI-A ≥ 10, n = 106) : tous les bras avec traitement actif étaient associés à une amélioration significative du score CLASI-A dans le groupe le plus sévère (42,2 à 46,8 % d’amélioration en moyenne). L’interprétation des résultats dans le groupe moins sévère est plus délicate du fait du très faible nombre de patients comparativement au 1er groupe. Les données de tolérance montrent une discrète élévation du taux d’infections sous traitement anti-BDCA2 (34,3 % versus 30,3 % dans le groupe placebo) mais non statistiquement significatif. À noter le développement d’une méningite herpétique chez un patient après la fin de l’étude. Ces résultats sont encourageants pour une étude de phase II exploratoire, surtout dans une pathologie inflammatoire cutanée difficile à traiter, avec entre 42 et 52 % d’amélioration sur l’ensemble des sous-groupes analysés. Les auteurs ne retiennent pas de différence d’efficacité en fonction du statut LES ou de la sévérité clinique. Néanmoins, ces résultats nécessitent d’être confirmés à plus grande échelle, ces analyses en sous-groupes étant fortement exposées aux biais statistiques. Par ailleurs, le traitement n’était pas toujours en monothérapie, mais possiblement associé à une corticothérapie orale.