On ne parle bien que de ce qu'on connaît : le dépistage de l'hépatite C par les pairs est un très bon moyen pour sensibiliser les usagers de drogues

Le dépistage et le traitement de l'hépatite virale C (VHC) des usagers de drogues par voie intraveineuse (UDIV) sont une priorité pour espérer éliminer le VHC d'ici 2030. L'objectif de cette étude était d’évaluer si des pairs formés pouvaient aider à convaincre les UDIV d’accepter le dépistage et le traitement.

Entre 2019 et 2021, à 3 reprises, une équipe mobile constituée d'anciens UD guéris du VHC – membres d'une association qui étaient formés aux outils de dépistage – et d'infirmiers ou de médecins est allée vers les structures addictologiques – CAARUD (centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues) et CSAPA (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie) – de la région Bourgogne pour y rencontrer les UD et leur proposer un dépistage de l'hépatite C. Ils avaient 3 outils à leur disposition : des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), un FibroScan® et un test moléculaire délocalisé quantitatif pour l’ARN du VHC ou point of care test (POCT). Les objectifs étaient les suivants :

• dépister le VHC par TROD et, en cas de positivité, vérifier la réplication virale avec le POCT et évaluer la fibrose afin de proposer un traitement immédiat dans le cadre du parcours simplifié, selon les recommandations de l’AFEF (stratégie “test and treat”) ;
• confirmer ensuite la guérison des patients traités, ce qui n'avait le plus souvent pas été fait, en effectuant une charge virale grâce au POCT ;
• dépister d’éventuelles recontaminations ;
• évaluer la fibrose hépatique par élastométrie afin de dépister une cirrhose chez tous les patients qui le souhaitaient.

L’équipe a rencontré 317 UD qui ont tous accepté le dépistage ; 317 TROD ont donc été réalisés, dont 32 étaient positifs. Parmi les 26 UD (8,2 %) ayant une charge virale positive, 25 avaient une fibrose ≤ F2 et ont reçu immédiatement un traitement. Parmi les patients déjà traités, 2 ont été recontaminés et 1, qui était en échec thérapeutique, a été orienté vers un service expert. Le POCT a permis en outre de confirmer la guérison de 16 UD (figure).

En conclusion, un “road trip” mené par une équipe associant des professionnels de santé et des patients guéris formés aux outils de dépistage est un gage d'écoute et de reconnaissance par les UD. Le taux de dépistage et l'accès à la santé et aux soins sont la preuve de l'efficacité de la coopération avec des pairs “aidants”.