Profil métabolomique plasmatique et progression de la DMLA à 5 ans
D’après Lains I et al., abstr. 3624, session 349, actualisé
La métabolomique, étude des métabolites issus de l’organisme, se situe en aval de la génomique (étude de l’ensemble des gènes), de la transcriptomique (étude de l’ensemble des ARN messagers) et de la protéomique (étude de l’ensemble des protéines). Elle a fait l’objet de plusieurs études sur la santé et les pathologies rétiniennes.
Les auteurs se sont posé la question : “Pourquoi, parmi les patients atteints d’une DMLA intermédiaire, certains évoluent vers une DMLA avancée et d’autres pas ?”. Ils ont étudié l’association entre les métabolites plasmatiques et la progression de la DMLA sur une période de 5 ans. Il s’agit d’une étude bicentrique (Boston, États-Unis et Coimbra, Portugal) qui a inclus des patients atteints d’une DMLA intermédiaire versus un groupe contrôle de patients âgés de plus de 50 ans.
Les patients ont reçu une analyse du fond d’œil (FO) avec une classification AREDS2 et un SD-OCT qui a analysé et quantifié la présence de plusieurs paramètres (figure).
Un prélèvement sanguin a été effectué lors de chaque visite.
131 yeux des 69 patients ont été inclus à Boston et 230 yeuxdes 123 patients ont été inclus à Coimbra. Les yeux ont été ajustés sur l’âge, le genre, l’IMC, la consommation tabagique, la supplémentation AREDS et le stade de la DMLA intermédiaire à l’inclusion. Une analyse a été effectuée pour chaque centre et une méta-analyse sur les résultats des 2 centres réunis.
Les résultats ont montré que les métabolites associés à une progression de la DMLA au FO sont le lactate et l’acide dicarboxylique ramifié. Le lactate intervient dans le métabolisme énergétique, agit comme signal cellulaire et a déjà été associé à la dégénérescence rétinienne liée au stress oxydatif. L’acide dicarboxylique est impliqué dans le métabolisme des acides gras, puisqu’il limite les effets toxiques de l’accumulation de ceux-ci.
En ce qui concerne les caractéristiques OCT non présentes à l’inclusion et retrouvées à 5 ans :
- les points hyperréflectifs sont associés significativement à la présence des glycérophospholipides (p = 0,0001), qui sont des composants de l’EPR et des photorécepteurs et qui participent à l’initiation du stress oxydatif ;
- l’atrophie est associée à la présence de la taurine (p = 0,02), soit l’acide aminé le plus abondant de la rétine et agissant comme un antioxydant, ainsi qu’à des métabolites issus du métabolisme de la phénylalanine (p = 0,04), qui est un précurseur de la mélanine ;
- les drusen réticulés sont associés à des métabolites issus du métabolisme des acides biliaires, qui sont indispensables dans la régulation de l’homéostasie des triglycérides, du cholestérol et du glucose.
En conclusion, il s’agit de la 1re étude qui démontre que des métabolites plasmatiques sont associés à un risque de progression de DMLA à 5 ans. Ces métabolites sont des lipides et des acides aminés et contribuent à comprendre la physiopathologie du spectre large des phénotypes de la DMLA et peuvent être utilisés comme biomarqueurs.
