Le pirtobrutinib sort enfin de la bruine
Le pirtobrutinib est l’inhibiteur de BTK non covalent le plus avancé dans son développement. Des données très intéressantes de tolérance et d’efficacité chez des patients double-exposés aux BTKi et iBCL2, et présentant, pour la grande majorité d’entre eux, des mutations de BTK, avaient déjà été présentées. Malheureusement, et contrairement à d’autres pays, il n’est actuellement pas possible de proposer ce traitement en France pour les patients double-réfractaires en l’absence d’accès précoce.
L’étude présentée ce jour à l’ASH est une étude de phase III randomisée, qui a comparé chez des patients atteints de LLC en rechute déjà traités par BTKi covalents un traitement par pirtobrutinib (200 mg/j) à un traitement considéré comme de référence aux choix de l’investigateur (idélalisib + rituximab ou bendamustine + rituximab). Le critère de jugement principal était la survie sans progression évaluée par un comité de revue indépendant. Un crossover était possible à la progression pour les patients dans le bras “choix de l’investigateur”.
Au total, 238 patients ont été inclus dans cet essai, 119 ont reçu du pirtobrutinib, 82 un traitement par idélalisib + rituximab et 37 par BR. Ces patients présentaient des facteurs prédictifs péjoratifs (détails dans le zoom) et avaient reçu une médiane de 3 lignes de traitement. Si tous les patients avaient reçu un BTKi covalent, 50 % avaient reçu du vénétoclax. L’objectif principal de SSP a été atteint après un suivi médian de 7,5 mois, et l’analyse a été présentée avec un recul de 17,2 mois. La médiane de SSP était significativement supérieure dans le bras pirtobrutinib (14 mois versus 8,5 mois ; HR = 0,54 (IC95 : 0,39-0,75 ; p = 0,0002). Dans le bras pirtobrutinib, la médiane jusqu’à nouveau traitement était de 24 mois. Aucune différence de survie globale n’a été démontrée, mais il est important de rappeler la possibilité d’un crossover prévu au protocole. Concernant la tolérance dans le bras pirtobrutinib, celle-ci est décrite comme bonne avec 5,1 % d’arrêt de traitement pour toxicité. Les principales toxicités de grade ≥ 3 étaient la neutropénie (20,7 %), les infections (29,3 %, principalement non liées au SARS-CoV-2). La prévalence des complications cardiovasculaires était faible.
En conclusion, les résultats de cette étude montrent l’intérêt du pirtobrutinib chez les patients en rechute et devraient, espérons-le, nous permettre de pouvoir le prescrire chez les patients double-réfractaires.














