Les bispécifiques sont-ils vraiment attractifs en monothérapie ?
Dimanche, plusieurs études ont suscité l’intérêt d’associer des anticorps bispécifiques à de l’immunochimiothérapie conventionnelle. Ce lundi, 3 essais étaient présentés, impliquant l’administration d’anticorps bispécifiques en monothérapie dans le lymphome B agressif.
Tout d’abord, l’essai de phase II NCT03075696 concernant le glofitamab, anti-CD20 × CD3 intraveineux, administré sur 12 cycles de 21 jours et désormais approuvé à partir de la 3e ligne thérapeutique. Le nombre médian de traitements antérieurs était de 3 (2-7) et 33 % des 155 patients inclus avaient déjà reçu des CAR-T cells. Le taux de réponse complète (RC) était de 40 %, et chez les patients en bonne réponse, la survie sans progression (SSP) à 2 ans de la fin du traitement était de 57 %. Il est intéressant de noter que la normalisation des taux de lymphocytes B et des gammaglobulines n’était observée en moyenne que 18 mois après la fin du traitement.
Ensuite, l’essai de phase I/II ELM-1 s’intéressait à l’utilisation de l’odronextamab, bispécifique anti-CD20 × CD3, en monothérapie dans les rechutes post-CAR T-cells, en continu jusqu’à rechute ou mauvaise tolérance. Au total, 60 patients ont été inclus, qui présentaient un âge médian de 63 ans (27-82), 3 lignes de traitements antérieurs en médiane (2-9) et une durée médiane depuis les CAR T-cells de 6,5 mois (1,2-46,2). Le taux de RC était de 32 % et, parmi les patients avec ce taux-là, la probabilité de maintenir une RC à 2 ans était de 68 %. La SSP médiane était au total de 4,8 mois (IC95 : 2,6-5,4), mais elle n’était pas atteinte chez les répondeurs. Les causes d’arrêt du traitement étaient principalement le Covid-19, des pneumopathies et des encéphalopathies.
Enfin, l’utilisation de l’épcoritamab, bispécifique anti-CD20 × CD3, en monothérapie pendant 12 cycles chez les patients âgés en 1re ligne, non éligibles aux anthracyclines, fut présentée dans l’essai de phase II EPCORE DLBCL-3. Parmi les 45 patients inclus (âge médian 81 ans (77-95)), 38 % avaient ≥ 85 ans, 87 % avaient des antécédents cardiovasculaires et 29 % avaient une atteinte neurologique centrale. Sur les 39 patients évaluables, le taux de RC était de 64 % et le temps jusqu’à RC était en médiane de 2,4 mois. Sur le plan des toxicités, le syndrome de relargage cytokinique était observé chez 68 % des patients, et 16 % d’entre eux arrêtèrent l’épcoritamab pour cause d’effets indésirables.
Au total, bien que les résultats obtenus en monothérapie soient tout à fait intéressants en 1re ligne comme en rechute, l’avenir semble – en dehors de la population gériatrique – se dessiner autour d’associations permettant une réponse plus profonde et plus durable.














