Perspectives thérapeutiques dans l’urticaire chronique
Les traitements proposés par les recommandations européennes sur l’urticaire chronique spontanée (UCS) sont les antihistaminiques de 2e génération, puis l’omalizumab, et enfin la ciclosporine dans les cas réfractaires. Néanmoins, de nouvelles molécules sont nécessaires car une partie des patients n’est pas bien contrôlée avec ces traitements.
Plusieurs molécules sont actuellement à l’étude dans l’UCS.
Le dupilumab, anticorps monoclonal anti-IL 4 et 13, a l’AMM pour la dermatite atopique. Dans l’UCS, le taux d’IL-4 est augmenté et corrélé au taux d’IgE totales. L’étude LIBERTY-CSU CUPID-A est une étude de phase III contrôlée randomisée, où les patients de plus de 6 ans avec une UCS résistante aux anti-H1 étaient inclus et recevaient soit un placebo (n = 68) soit le dupilumab (n = 70). Le critère de jugement principal était le score ISS7 (évaluant le prurit) à S24, qui était atteint dans cette étude, avec une différence significative entre les 2 groupes (figure 1). Le dupilumab était efficace indépendamment du taux d’IgE totales initial. Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté. Le mode d’action exact du dupilumab dans l’UCS n’est pas connu.
Les inhibiteurs de la tyrosine kinase de Bruton (BKTi) de 1re génération, utilisés en hématologie, ont des effets indésirables fréquents (cytopénies, infections). Les BKTi de 2e génération ont un profil de tolérance nettement meilleur. Le remibrutinib agit sur la dégranulation mastocytaire ainsi que sur la production d’auto-anticorps dirigés contre le récepteur des IgE à la surface du mastocyte (urticaire de type 2b dite auto-immune). Les premières études en 2021 ont démontré l’absence de toxicité, même à des doses très élevées chez l’homme. Les études de phase IIb ont démontré son efficacité versus placebo à S12, avec une action très rapide (moins de 1 semaine) (figure 2). L’efficacité est identique, que le patient ait reçu de l’omalizumab ou non auparavant. L’efficacité se poursuit dans les phases d’extension jusqu’à S52. Les données de l’étude de phase III ne sont pas encore disponibles, mais le laboratoire commercialisant cette molécule a indiqué que les critères de jugement (principal et secondaires) étaient atteints, avec une efficacité en moins de 2 semaines et un excellent profil de tolérance. Les résultats seront connus en 2024.
Le barzolvolimab est un nouvel anticorps monoclonal, liant la partie extracellulaire de kit (récepteur des tyrosines kinase). Il entraîne la mort du mastocyte et donc une profonde déplétion cellulaire. Une étude de phase Ib a démontré son efficacité dans le dermographisme (n = 10) et l’urticaire au froid (n = 11) après 1 seule dose de barzolvolimab i.v. et un suivi de 12 semaines. L’efficacité était notée dès 2 semaines et tous les patients ont répondu au traitement, dont 3 avaient eu une mauvaise réponse à l’omalizumab dans le passé. Les effets indésirables étaient fréquents mais bénins et réversibles : modification du goût (27 % dans l’urticaire au froid et 50 % des dermographismes) et de la couleur des cheveux, céphalées (27 et 10%), rhinopharyngites (18-30 %). Une autre étude de phase Ib a mis en évidence une efficacité du barzolvolimab (figure 3), après 1 seule injection, dans l’UCS (réponse complète chez plus de la moitié des patients) et dans l’urticaire cholinergique (n = 9, dont 5 avec une réponse complète).
Une étude de phase Ib, ouverte, recrute actuellement pour tester une molécule anti-MRGPRX2 (récepteur à la surface du mastocyte).
D’autres molécules sont également en cours d’étude : benralizumab (anti-IL5R), rilzabrutinib (BKTi), vixarelimab (anti-IL 31)…








