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Ikema : Yes I can

D’après Moreau P et al., abstract LB2603, actualisé

Lors de ma couverture du congrès de l’EHA 2019, je me souviens avoir écrit une brève sur l’étude ICARIA avec une « recherche » (ou délire si vous n’avez pas apprécié la brève) approfondie sur la signification d’ICARIA. A ce moment-là, je n’avais pas imaginé qu’à peine un an après j’aurai à résumer l’étude IKEMA rapportée en tant que Late Breaking Abstract lors du congrès de l’EHA 2020. En préambule, je tiens à souligner qu’IKEMA, ou plus exactement Ikema-Jima, est une île des îles Miyako, en mer de Chine orientale. Elle fait partie de l'archipel Sakishima, lui-même inclus dans l'archipel Ryūkyū. L'île dépend administrativement de la préfecture d'Okinawa, au Japon. C’est une île où l’on pourrait passer d’excellentes vacances, surtout après cette période de confinement sévère. Néanmoins, il ne s’agit pas de vacances ici, il s’agit de l’étude randomisée de phase III IKEMA qui est la deuxième étude positive dans la série des études qui ont permis le développement du l’anticorps anti-CD38 isatuximab. Dans cet essai, l’isatuximab combiné au carfilzomib et à la dexamethasone (ISA-KD ; bras expérimental) a été comparé à la doublette carfilzomib dexamethasone (KD; bras contrôle). Il s’agit de patients ayant un myélome multiple en rechute ou réfractaire après 1 à 3 lignes de traitement. Il s’agit d’une étude randomisée et stratifiée selon le nombre des lignes préalables. Dans les deux cas, le carfilzomib avait été administré, comme dans l’étude ENDEAVOR, à savoir à la posologie de 56 mg/m². Le traitement était poursuivi jusqu’à progression. L’objectif primaire de l’étude est la survie sans progression (PFS).

Au total, 302 malades ont été inclus (179 malades dans le bras ISA-KD et 123 malades dans le bras KD). Naturellement, s’agissant d’une étude randomisée, les caractéristiques des patients étaient équilibrées entre les deux bras. La médiane d’âge était de 64 ans. 90 % des malades avaient reçu un inhibiteur de protéasome au préalable et 78 % un IMID. 24 % des malades inclus avaient un haut risque cytogénétique. Dans cet abstract tardif, nous avons un suivi médian de 20,7 mois et on constate déjà que la médiane de PFS n’est pas atteinte pour le bras expérimental ISA-KD en comparaison avec 19,1 mois pour le bras KD. Ceci se traduit par un hazard ratio de 0,53 en faveur de la triple combinaison à base d’isatuximab, ce qui témoigne d’une efficacité très nette. Ce bénéfice en termes de PFS a été observé dans tous les sous-groupes étudiés. On note également un taux de maladie résiduelle négative (MRD) qui frôle les 30% dans le bras expérimental versus 13 % dans le bras contrôle. Les données de survie globale ne sont pas encore disponibles et le profil de sécurité correspond à ce qui est attendu avec ces médicaments qui sont déjà utilisés dans d’autres combinaisons. Les réactions au moment de l’injection de l’isatuximab sont rapportées dans 46 % des cas, mais seulement 3 % des cas étaient de grade 3 ou 4. Pour les évènements cardiovasculaires, notamment l’insuffisance cardiaque, l’incidence des événements de grade > ou égale à 3 était similaire entre les deux bras.

Ces résultats sont donc tout à fait remarquables et permettent d’établir une nouvelle combinaison efficace dans le myélome en rechute. Bien entendu, le match sera extrêmement serré puisque les résultats de l’étude IKEMA seront vraisemblablement scrutés de près et analysés au regard des résultats de l’étude CANDOR qui avait été elle-même rapportée en Late Breaking Abstract au congrès de l’ASH 2019, mais qui cette fois-ci avait utilisé le même design d’étude mais en incluant le daratumumab au lieu de l’isatuximab.

Décidément, chaque congrès apporte son lot d’études positives dans le myélome, et on ne peut que s’en réjouir !



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