À l’ère des biothérapies, existe-t-il encore une place pour les traitements conventionnels dans la dermatite atopique ?
À l’ère des biothérapies et des petites molécules, nous pouvons nous demander quelle est encore la place des traitements conventionnels dans la dermatite atopique .
Au cours de sa présentation, le Pr. Boralevi a d’abord rappelé succinctement les différentes étapes à suivre avant d’en arriver aux traitements systémiques.
La ciclosporine est la seule molécule (parmi les traitements classiques) à avoir l’AMM en France dans la dermatite atopique après l'échec des traitements topiques. Dans une étude rétrospective en vraie vie, sur 356 patients traités par ciclosporine, la dermatite atopique n’était contrôlée que dans 26 % des cas, 22 % des patients avaient des effets indésirables et la ciclosporine était inefficace dans 16 % des cas (Van der Schaft et al.). Dans une étude française récente, le méthotrexate à la dose de 15 mg/semaine était comparé à la ciclosporine à la dose de 2,5 mg/kg/jour (Goujon et al.). Le méthotrexate était inférieur à la ciclosporine (SCORAD-50 à 8 % versus 42 %) après 8 semaines de traitement et il n’y avait pas de différence statistiquement significative entre les 2 molécules (92 % versus 87 %) à la semaine 20. Les effets indésirables étaient en revanche significativement plus fréquents sous ciclosporine.
Ainsi les traitements “classiques”, à savoir les immunosuppresseurs, ont toujours leur place dans la prise en charge des dermatite atopique modérées à sévères. La ciclosporine serait indiquée en 1re ligne pour un traitement de courte durée, alors que le méthotrexate serait plus intéressant pour un traitement au long cours ou d’entretien. Néanmoins, les biothérapies peuvent être préférées chez les patients atteints de dermatite atopique modérée à sévère, en raison d’une moindre toxicité et d’une efficacité plus importante (EASI-75 au lieu d’EASI-50). Il est toutefois important de rappeler qu’en France, l’AMM du dupilumab concerne la dermatite atopique modérée à sévère nécessitant un traitement systémique, en seconde intention après échec, intolérance ou contre-indication à la ciclosporine.
