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Les hormones thyroïdiennes vont vous en mettre plein les yeux et les oreilles !

D'après Forrest D et al., conférence plénière PL5, actualisée

Si l’action des hormones thyroïdiennes (HT) sur le développement neuronal est bien caractérisée, le rôle de la T3 dans le développement neurosensoriel n’est pas clairement établi. Cette présentation plénière revient sur le rôle essentiel de la T3 et du contrôle de sa production au niveau de la cochlée et de la rétine.

Dans le cas de la cochlée, il est rappelé que ce tissu exprime les récepteurs β aux HT et que l’action de la T3, en particulier au niveau de l’organe de Corti chez la souris, assure la maturité de la perception auditive. Cette action du récepteur β observée chez la souris est retrouvée chez les patients ayant une hypothyroïdie ou présentant une mutation du récepteur β aux HT pour lesquels une perte auditive moyenne ou sévère est observée dans 21 % des cas (Ferrara AM et al., J Clin Endocrinol Metab 2012).

Au niveau de la rétine, seul le récepteur β2 (TR β2) est exprimé. Cette expression spécifique est très conservée dans les espèces. Le modèle de souris présente une vision dichromatique, avec la présence de cônes M et S. Le modèle invalidé pour TR β2 (TR β2-/-) n’exprime plus les cônes M et a donc une perte de sensibilité à la lumière verte. L’action de la T3 grâce à TR β2 confère donc un avantage pour une meilleure vision colorée, en assurant la diversité des cônes. Il est par ailleurs rapporté que le taux de T3 est contrôlé dans la rétine par l’expression combinée des désiodases de type 2 et 3 (DIO2 et DIO3). De façon très intéressante, le contrôle du ratio de cônes S et M est assuré par la balance DIO2/DIO3. DIO3 ayant un effet inactivateur sur la production de T3, le modèle de souris DIO3 -/- présente une absence totale de cônes M et S. Mais la délétion du gène DIO2 (DIO2-/-) permet de restaurer l’ensemble des cônes M et S chez la souris DIO3-/-. Cela est retrouvé dans le modèle d’organoïde rétinien humain (3 types de cône chez l’homme : M, S et L), où un travail récent montre que le modèle KO pour TRβ ne présente aucun cône M/L (Eldred K et al., 2018).

Cette présentation révèle ainsi le rôle fondamental des HT dans le développement neurosensoriel, en particulier pour la perception des couleurs chez l’homme, et ouvre des perspectives quant aux mécanismes impliqués dans des pathologies aussi diverses que la DMLA ou le rétinoblastome (figure).

ECE 2020-IO_03