D’après le congrès de l’European Hematology Association
Édition virtuelle, 9-17 juin 2021
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Oh MAGNETISMM-1 quand tu nous tiens
Voilà déjà quelque temps qu’on entend parler des anticorps bispécifiques dans le myélome multiple en rechute ou réfractaire. Il est vrai d’ailleurs que cette famille d’anticorps est en train de s’implanter durablement dans le paysage hématologique, que ce soit dans la leucémie aiguë, les lymphomes non hodgkiniens, ou encore le myélome. On se souvient que lors de l’ASH 2020, nous avons assisté à pas moins de 8 présentations sur des études de phase I ou I-II évaluant de nouveaux anticorps bispécifiques dans le myélome.
Lors de l’EHA 2021, on ne pouvait pas passer à côté de l’étude MAGNETISMM-1, une étude de phase I qui a évalué l’efficacité et la sécurité de l’elranatamab, qui est un anticorps bispécifique ciblant le BCMA et le CD3. L’anticorps est administré par voie sous-cutanée, et l’étude est une étude d’escalade de doses qui a inclus 30 malades ayant un âge médian de 63 ans, avec un extrême de 80 ans. Une variété de myélomes en rechute est représentée, incluant 23 % de myélomes de haut risque cytogénétique.
Dans cette étude, les malades ont reçu une médiane de 8 lignes de traitement (extrêmes : 3-15) incluant bien évidemment les inhibiteurs du protéasome, les anticorps anti-CD38, les IMID, mais aussi des traitements ciblant le BCMA, comme avec des anticorps conjugués ou des cellules CAR T, ce qui est tout à fait unique dans ce domaine. Malgré le caractère extrêmement avancé des cas inclus, les réponses ont été observées à partir de la dose de 215 µg/kg, avec un taux de réponse globale de 70 % et un taux de rémissions complètes ou rémissions complètes stringentes de 30 %, à l’évidence totalement inattendu dans un tel groupe de patients ayant une maladie très avancée.
Malgré un suivi relativement court, chez les 14 patients ayant une réponse confirmée, la durée médiane de réponse n’est pas encore atteinte, et la probabilité pour les répondeurs d’être en survie sans progression à 6 mois était de 92,3 %, chiffre tout à fait spectaculaire. Le syndrome de relargage cytokinique a été observé chez 73,3 % des malades, mais tous ces événements étaient de grade 1 ou 2, et il est vraisemblable qu’une prémédication pourrait encore mieux prévenir la survenue du CRS. Il est important de souligner que 3 des 4 patients qui avaient été préalablement traités par des médicaments ciblant le BCMA ont obtenu des réponses, à savoir 2 très bonnes réponses partielles et une rémission complète stringente.
Ces résultats installent l’elranatamab comme un bispécifique de choix qui viendra s’ajouter au téclistama et au talquétamab, dont les résultats sont tout aussi remarquables.
À bas le myélome ; vive les bispécifiques !