Paris, 9-13 septembre 2022
Envoyer à un confrère
Merci de saisir l’e-mail de votre confrère :
Un retour de l’IL-2 dans le cancer du rein métastatique : rien n’est moins sûr, même en combinaison avec le nivolumab
Les inhibiteurs de checkpoint (ICP) ont profondément amélioré la survie des patients atteints d’un carcinome rénal à cellules claires métastatique (RCCm). Historiquement, l’IL-2, une des premières immunothérapies utilisées dans le traitement du RCCm, procurait de belles réponses complètes prolongées au prix d’une tolérance médiocre, chez un faible nombre de patients. Le bempegaldesleukin (BEMPEG) est un promédicament pégylé de l’IL-2, conçu pour se lier de manière préférentielle à l’IL-2Rβγ et ainsi améliorer la balance efficacité/toxicité.
L’étude PIVOT-09 est un essai randomisé de phase III comparant BEMPEG + NIVO à un inhibiteur de tyrosine kinase (ITK) (sunitinib ou cabozantinib) chez des patients atteints de RCCm en 1re ligne (L1) métastatique.
623 patients ont été randomisés pour recevoir BEMPEG i.v. 0,006 mg/kg + NIVO i.v. 360 mg toutes les 3 semaines versus sunitinib 50 mg pendant 4 semaines suivi de 2 semaines de repos, ou cabozantinib 60 mg/j. Les cocritères principaux étaient le taux de réponse objective (TRO) (revue centralisée) et la survie globale (SG) dans la population à risque IMDC intermédiaire/défavorable (IMDC I/D) et dans la population globale (ITT). Seuls les résultats d’efficacité pour les groupes IMDC I/D (83 % de la cohorte, 23 % D) ont été rapportés.
Après une durée médiane de suivi de 15,5 mois, le TRO était de 23 % pour BEMPEG + NIVO contre 30,6 % pour le groupe ITK, soit une absence totale de différence (tableau). De plus, le taux de patients ayant une progression de la maladie d’emblée était augmenté dans le bras BEMPEG + NIVO (29,7 versus 13,6 %).
La SG n’était pas différente non plus entre les 2 bras, avec des médianes de 29 mois pour BEMPEG + NIVO et non atteinte pour le groupe ITK (HR = 0,82 ; IC99 : 0,61-1,10 ; p = 0,19) (figure).
L’analyse de sous-groupes retrouvait toutefois une supériorité du bras combinaison dans le groupe PD-L1 ≥ 1 % (HR = 0,43 ; IC95 : 0,22-0,81).
En termes de tolérance, des effets indésirables liés au traitement (EILT) de grade 3 sont survenus chez 25,8 % des patients et 7,7 % ont dû arrêter le traitement. Les EILT les plus fréquents (tous grades) étaient la pyrexie (32,6 %), le prurit (31,3 %), les nausées (24,2 %), l’éosinophilie (23,9 %), l’hypothyroïdie (22,9 %), les éruptions cutanées (22,9 %) et l’arthralgie (20,0 %). 7 patients (2,3 %) ont eu 1 événements ischémique cérébrovasculaire dans le bras combinaison, incluant 5 de grade 3-4 (pas de grade 5).
En définitive, résultat négatif pour BEMPEG + NIVO par rapport à un ITK en 1re ligne de traitement pour un RCCm et très en deçà des associations actuellement recommandées dans cette indication. Les données de SG du sous-groupe PD-L1+ ne sont pas suffisantes en l’état pour considérer cette combinaison comme pertinente en L1 de RCCm.