European Thyroid Association
Budapest, 7-10 septembre 2019
Envoyer à un confrère
Merci de saisir l’e-mail de votre confrère :
Le larotrectinib, nouvelle thérapie ciblée indiquée dans les cancers thyroïdiens agressifs
Différents remaniements chromosomiques à l’origine de gènes de fusion ont été identifiés dans les cancers thyroïdiens. Les principaux gènes de fusion connus pour la pathologie thyroïdienne comportent le domaine actif de l’un des gènes suivants : RET, ALK, BRAF, PPARγ ou TRK (tropomyosin receptor kinase).
Les gènes de fusion impliquant TRK font partie de la famille des gènes NTRK (neurotrophic tyrosine receptor kinase). La fréquence estimée de ces anomalies moléculaires (NTRK 1-3) dans les cancers thyroïdiens est comprise entre 5 et 25 %.
En 2018, le larotrectinib, un puissant inhibiteur sélectif des gènes NTRK, a obtenu une autorisation de mise sur le marché aux États-Unis (1). Il s’agit de la première thérapie ciblée pouvant être prescrite sur identification de la cible moléculaire, quel que soit le type histologique du cancer (2).
Le Dr Waguespack (MD Anderson Cancer Center à Houston) a présenté une série de 26 patients ayant un cancer de la thyroïde, porteurs de ce type d’anomalies moléculaires (54 % NTRK3 et 46 % NTRK1), traités par larotrectinib. Les patients étaient atteints soit d’un cancer papillaire (n = 19,73 %), soit d’un cancer anaplasique (n = 5,19 %), soit d’un cancer folliculaire (n = 2,8 %). Le critère principal d’évaluation était le taux de réponse objective selon les critères radiologiques RECIST. Comme indiqué sur la figure, 79 % de réponses ont été observées : partielles (71 %) ou complètes (8 %, 2 patients). Le délai de réponse moyen était rapide (environ 2 mois), mais pour les patients avec réponse complète il était de 9 mois. Les réponses ont été durables, avec une survie sans progression moyenne de 24,6 mois (IC95 : 16,6 - non obtenu). La tolérance était bonne, avec essentiellement des effets indésirables de grade 1 et 2 (fatigue, vertiges, etc.) ; une réduction de dose a été nécessaire chez 9 % des patients, un arrêt de traitement chez moins de 1 % des patients.
On peut donc proposer de rechercher systématiquement une anomalie de type NTRK dans les cancers thyroïdiens évolutifs, quel que soit le type histologique, pour savoir s’ils sont éligibles au traitement par cette nouvelle thérapie ciblée, efficace et bien tolérée.
Références
1. Drilon A et al. Efficacy of Larotrectinib in TRK Fusion-Positive Cancers in Adults and Children. N Engl J Med 2018;378(8):731-9.
2. Huang FW, Feng FY. A Tumor-Agnostic NTRK (TRK) Inhibitor. Cell.2019;177(1):8.