Les 40 ans de l’ECCMID à Copenhague
Ce 33e ECCMID a réuni en présentiel 13 000 congressistes majoritairement démasqués pour écouter les dernières nouvelles en infectiologie et microbiologie, et célébrer le 40e anniversaire de l’ESCMID. Espérons que ce quasi-retour à la normale post-Covid soit durable !
Cette édition a été de nouveau très dense et riche en nouveautés dans le domaine des infections fongiques, que ce soit sur les plans épidémiologique, diagnostique ou thérapeutique.
L’évolution de l’épidémiologie de Candida spp. a occupé plusieurs communications, soulignant l’augmentation dans de nombreux pays de la résistance au fluconazole de Candida parapsilosis, parfois croisée avec celle au voriconazole. Heureusement, d’autres molécules restent pleinement actives, dont les échinocandines, l’amphotéricine B, ou encore la nouvelle classe des triterpénoïdes représentée par l’ibrexafungerp. L’épidémiologie des mucormycoses a aussi été précisée, avec la présentation du registre canadien CANMUS comportant plus de 100 patients, dont une majorité de patients d’onco-hématologie chez qui le pronostic reste hélas sombre.
Sur le plan thérapeutique, le prometteur olorofim, premier représentant de la classe des orotomides, était à l’honneur, avec la présentation de données in vitro confirmant son efficacité sur les filamenteux peu sensibles aux autres classes médicamenteuses, et de plusieurs cas et séries cliniques montrant son intérêt potentiel pour le traitement d’infections liées à des espèces rares (Scopulariopsis spp., Lomentospora prolificans) ou à Aspergillus fumigatus résistant aux azolés. Sa place dans l’arsenal antifongique restera toutefois à préciser par des études plus larges. Les classes thérapeutiques plus anciennes n’étaient pas oubliées, notamment les polyènes. De nouvelles formes d’amphotéricine B sont en développement, dont MAT2203, formulation orale en cours d’essai dans la cryptococcose neuroméningée, et SF001, polyène de 3e génération encore au stade préclinique, mais semblant montrer des données intéressantes de tolérance rénale dans les modèles animaux. Sur le plan des azolés, on a parlé en particulier de la pharmacocinétique de l’isavuconazole, notamment du risque de sous-dosage chez les patients de réanimation, ou encore de la possibilité de l’administrer par sonde de nutrition entérale sans en altérer la biodisponibilité.
Si sur le plan diagnostique, les techniques moléculaires ont le vent en poupe, leurs contraintes techniques et leur coût restent des facteurs limitants. D’autres biomarqueurs semblent plus simples d’utilisation, comme la détection rapide du galactomannane par VIRCLIA® ou le nouveau test urinaire MycoMEIA-Aspergillus, mais leur place dans les algorithmes diagnostiques de l’aspergillose sera à définir.
Il n’est hélas pas possible de vous présenter de manière exhaustive toute l’actualité mycologique de cette version 2023 de l’ECCMID, mais vous trouverez parmi ces quelques brèves et interviews d’experts réalisées à chaud au sortir des sessions les communications qui nous ont semblé les plus marquantes.
En vous souhaitant une bonne lecture, nous vous donnons rendez-vous dans un an à Barcelone !





