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Aspects génétiques et moléculaires des syndromes hyperéosinophiles

D’après Jean-Emmanuel Kahn (Paris)

L’éosinophilie sanguine (PNE > 0,5 g/l) peut être le témoin de différentes pathologies, mais il est important de garder à l’esprit qu’elle est le plus souvent d’origine médicamenteuse, infectieuse (parasitaire ou virale), ou satellite d’une néoplasie solide ou d’une hémopathie.
Parmi les médicaments, certains traitements topiques comme les AINS locaux ou les crèmes amincissantes d’allure anodine ont été incriminés.
Concernant le diagnostic des parasitoses, la réalisation d‘un examen parasitologique des selles en cas d’hyperéosinophilie ne présente pas d’intérêt en l‘absence de voyage en zone tropicale (sauf, éventuellement, pour l‘ascaris, mais le rendement est faible). Les 4 parasitoses à risque d’hyperéosinophilie à évoquer en métropole sont la toxocarose, l’anisakiase (sushi/sashimi), la distomatose et la trichinellose. 

Beaucoup plus rarement, l’éosinophilie est consécutive à une maladie inflammatoire systémique ou spécifique d’organe, ou à un syndrome hyperéosinophile (SHE). 

Le SHE se définit par l’association d’une hyperéosinophilie (PNE > 1,5 g/l à 2 reprises à 1 mois d’intervalle ou éosinophilie tissulaire sur biopsie) ET d’une atteinte spécifique d’organe liée aux éosinophiles (1).

Ce syndrome a été disséqué en plusieurs entités (figure 1), dont :

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  • les SHE clonaux (< 10 % des SHE) correspondant à des leucémies chroniques à éosinophiles avec, dans 95 % des cas, l’identification du transcrit de fusion FIP1L1-PDGFRA (2). Touchant quasi exclusivement les hommes, une atteinte cardiaque de type fibrose endomyocardique (33 %), une splénomégalie (50 %) et des érosions muqueuses sont souvent présentes.
    Le diagnostic se fait par recherche du transcrit de fusion sur sang périphérique (PCR et/ou FISH) ;
  • les SHE lymphoïdes remplissent les critères de lymphoprolifération T périphérique indolente avec une hyperéosinophilie consécutive à la sécrétion lymphocytaire anormale d’IL-5 (3). Ils sont caractérisés par une atteinte cutanée fréquente, avec un infiltrat à éosinophiles sur les biopsies cutanées, extrêmement corticosensible. On détecte dans ce cas un clone lymphocytaire circulant et tissulaire de phénotype aberrant LT CD3− CD4+. Un risque de transformation en lymphome agressif existe ;
  • des SHE réactionnels, comme, par exemple, le syndrome de Gleich associant angio-œdème épisodique, éosinophilie et Ig M polyclonale ;
  • des SHE dits “idiopathiques” (60 % des cas), qui restent un diagnostic d’élimination avec une grande hétérogénéité, à la fois dans la clinique et dans la réponse aux traitements. Ces SHE méritent une surveillance rapprochée.

Il est important de savoir qu’il n‘y a pas de corrélation entre le taux de PNE et les lésions tissulaires. Le bilan de retentissement avec recherche d’atteinte d’organe est indispensable devant toute éosinophilie persistante, quel que soit son taux.

Au final, il faut savoir reconnaître un SHE. Le bilan exploratoire face à une hyperéosinophilie persistante est standardisé (figure 2).

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Références

1. Valent P, Klion AD, Horny HP et al. Contemporary consensus proposal on criteria and classification of eosinophilic disorders and related syndromes. J Allergy Clin Immunol 2012;130(3):607-12.e9. 

2. Legrand F, Renneville A, MacIntyre E et al. The spectrum of FIP1L1-PDGFRA-associated chronic eosinophilic leukemia: new insights based on a survey of 44 cases. Medicine (Baltimore) 2013;92(5):e1-e9. 

3. Lefèvre G, Copin MC, Staumont-Sallé D et al. The lymphoid variant of hypereosinophilic syndrome: study of 21 patients with CD3−CD4+ aberrant T-cell phenotype. Medicine (Baltimore) 2014;93(17):255-66. 


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