Clinical Trials on Alzheimer’s Disease
San Francisco, 29 novembre-2 décembre 2022
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Prévention primaire de la démence : une idéologie ou une réalité future ?
La prévention du déclin cognitif est une thématique affichée comme prioritaire par les instances internationales de la santé publique qui s’inscrit plus largement dans l’objectif général d’un vieillissement en bonne santé, dont l’OMS a été chargée de faciliter la mise en œuvre par les Nations unies pour la décennie 2021-2030. L’approche préventive du déclin repose essentiellement sur deux piliers. Le premier vise à renforcer ou entretenir la réserve cérébrale et cognitive. Le second repose sur le fait qu’à côté ou autour du “noyau” biologique des maladies neuro-évolutives qui affectent la cognition et qui est la cible des essais médicamenteux, différents facteurs interviendraient pour favoriser ou au contraire pondérer l’impact cognitif et fonctionnel de ces pathologies. L’idée selon laquelle il existe une part évitable de la démence en agissant sur ces facteurs modifiables s’est popularisée, renforcée par une argumentation “préclinique” de plus en plus conséquente. Ainsi, 40 % de la démence serait en théorie évitable si l’on était en mesure d’agir sur une douzaine de paramètres : le niveau d’éducation, l’hypertension artérielle, le diabète, la consommation excessive d’alcool, le tabagisme, l’obésité, la sédentarité, la surdité, le degré d’interactions sociales, la dépression, les traumatismes crâniens graves et la pollution de l’air [1].
Pourtant, alors que le nombre d’essais non médicamenteux consacrés à la prévention de la démence n’a cessé de croître depuis 20 ans, mettant en avant des approches nutritionnelles, l’activité physique, la stimulation cognitive ou des interventions multidomaine, les grandes études qu’on peut considérer comme positives et convaincantes se comptent sur la moitié des doigts d’une main ! Et l’édition 2022 du CTAD s’avère particulièrement décevante avec très peu de présentations sur cette thématique.
La conception selon laquelle on serait capable de prévenir ou de retarder le déclin cognitif serait-elle seulement une posture, une théorie, voire une idéologie en décalage total avec la vraie vie ?
Gardons-nous d’un jugement précipité car, s’il y a bien un domaine dont la complexité est à l’aune de la longueur du temps nécessaire à l’obtention de résultats incontestables, c’est bien celui-ci, avec d’énormes problématiques méthodologiques, mais également sanitaires et sociales. Et, plutôt qu’une approche généralisable à l’ensemble de la population, on voit que la tendance des essais de prévention qui se développent actuellement est de cibler spécifiquement des populations à risque, voire de personnaliser le type d’intervention proposée. Et cette démarche, qui implique aussi d’atteindre et de fidéliser sur le long terme des populations qui ne sont pas nécessairement enclines à participer à des essais, va prendre du temps, beaucoup de temps…
Références
1. Livingston G et al. Dementia prevention, intervention, and care: 2020 report of the Lancet Commission. Lancet 2020;396(10248):413‑46.