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Vraiment associé à la FPI ?


Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est plus fréquent chez les patients atteints de FPI que dans la population générale, ce qui conduit à penser qu’il pourrait jouer un rôle dans le développement et l’aggravation de la FPI par le biais de micro-inhalations répétées de liquide gastrique (1-5). L’association RGO-FPI reste toutefois un sujet de controverse, du fait notamment de l’absence de lien de causalité établi et de résultats contradictoires concernant le bénéfice des traitements antisécrétoires gastriques sur l’évolution de la maladie pulmonaire (2-4, 6). Afin de tenter d’éclaircir la question, une équipe canadienne a réalisé une méta-analyse de 18 études observationnelles cas-témoins publiées entre 1976 et 2016 ayant évalué la relation entre RGO symptomatique et/ou compliqué et FPI en considérant le RGO comme facteur d’exposition, et ayant rapporté des résultats permettant une estimation quantitative de l’association (risque relatif ou odds- ratio) (6). La population étudiée comportait au total 3 206 patients atteints de FPI et 9 368 témoins (volontaires sains, sujets issus de la population générale, ou, plus souvent, patients atteints d'une maladie respiratoire autre qu’une FPI). La méta-analyse a montré une association entre RGO et FPI, avec un OR à 2,94 (IC95 = 1,95-4,42), avec toutefois une hétérogénéité des études (p < 0,00001 pour le test d’hétérogénéité). Par ailleurs, après application d’un modèle de méta-régression prenant en compte les proportions de fumeurs et d’ex-fumeurs chez les patients et les témoins comme facteur de confusion potentiel (9 études), l’association entre RGO et FPI n’était plus significative (OR = 0,66 ; IC95 : 0,34-1,27). 

Quelles implications pour la pratique ? 

L’étude suggère que, même s’il existe une association statistique entre RGO et FPI, l’association pourrait être due à des facteurs de confusion tels que le tabagisme, de sorte que de nouvelles études limitant les biais méthodologiques sont encore nécessaires pour démontrer un éventuel lien causal (6-9). Pour la pratique, l’étude ne remet pas en cause l’intérêt d’un traitement symptomatique d’un éventuel RGO indépendamment de la FPI, mais va à l’encontre de sa prescription systématique telle qu’elle était proposée dans les recommandations internationales de 2015 sur la prise en charge de la maladie (5, 7, 10). Une prescription individualisée et non systématique paraît d’autant plus importante que le traitement antisécrétoire gastrique n’a toujours pas démontré de bénéfice sur l’évolutivité de la FPI dans des études prospectives de bonne qualité et que, selon certaines données, il pourrait augmenter le risque d’infections bronchopulmonaires chez les patients ayant une détérioration fonctionnelle respiratoire marquée (3, 4, 6). En sa défaveur, signalons également que l’étude WRAP-IPF, publiée en 2018, n’a pas permis de conclure sur l’effet d’une chirurgie anti-reflux sur la progression de la FPI (11). Dans ce contexte, il paraît légitime de se référer, pour la prise en charge d’un éventuel RGO au cours de la FPI, aux recommandations nationales de 2017, qui proposent de rechercher à l’interrogatoire un antécédent ou des symptômes évocateurs, puis, s’il existe une suspicion clinique, d’explorer et de traiter le RGO comme en population générale (sans oublier de tenir compte de la possibilité d’interactions médicamenteuses avec le traitement spécifique de la fibrose) (1, 3).

20-0276-06/2020 Boehringer Ingelheim France SAS


Références

1. Cottin V et al. Recommandations pratiques pour le diagnostic et la prise en charge de la fibrose pulmonaire idiopathique – Actualisation 2017. Version longue. Rev Mal Respir 2017;34:900-68.

2. Kreuter M, Raghu G. Gastro-oesophageal reflux disease and idiopathic pulmonary fibrosis: the heart burn in patients with IPF can no longer be silent. Eur Respir J 2018;51:1800921.

3. Wang Z et al. Gastro-oesophageal reflux disease and idiopathic pulmonary fibrosis: uncertainties and controversies. Respiration 2018;96:571-87. 

4. Ghisa M et al. Idiopathic pulmonary fibrosis and GERD: links and risks. Ther Clin Risk Manag 2019:15:1081-93. 

5. Marchand-Adam S et al. Le reflux gastro-œsophagien au cours de la fibrose pulmonaire idiopathique : cause, conséquence ou coïncidence ? La Lettre du Pneumologue 2017;6:328-32. 

6. Bédard Méthot D et al. Meta-analysis of gastroesophageal reflux disease and idiopathic pulmonary fibrosis. Chest 2019;155:33-43.

7. Kahrilas IJ, Kahrilas PJ. Reflux disease in idiopathic lung fibrosis: association does not imply causation. Chest 2019;155:5-6.

8. Corrao S et al. Gastroesophageal reflux disease and idiopathic pulmonary fibrosis: no data for supporting a relationship after a systematic review. Chest 2019;156:190-2.

9. Lacasse Y et al. Response. Chest 2019;156:192-3.

10. Raghu G et al. An official ATS/ERS/JRS/ALAT clinical practice guideline: treatment of idiopathic pulmonary fibrosis. An update of the 2011 clinical practice guideline. Am J Respir Crit Care Med 2015;192:e3-e19. 

11. Raghu G et al. Laparoscopic anti-reflux surgery for the treatment of idiopathic pulmonary fibrosis (WRAP-IPF): a multicentre, randomized, controlled phase 2 trial. Lancet Respir Med 2018;6:707-14. 


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