En France, l’émergence des entérobactéries productrices de carbapénémase (EPC) remonte environ à l’année 2010. Bien que la plupart des isolats bactériens correspondent à une colonisation, environ 20 % des patients concernés présentent une infection causée par ces bactéries hautement résistantes émergentes (BHRe). En cas d’infection à EPC, les options thérapeutiques sont limitées mais depuis 10 ans, plusieurs stratégies basées sur des nouvelles combinaisons ß-lactamine/inhibiteur de ß-lactamase ont permis d’apporter une réponse thérapeutique concrète : ceftazidime/avibactam, imipénem/relebactam, meropénem/vaborbactam. Néanmoins, il est vite apparu que ces nouveaux inhibiteurs de ß-lactamase n’étaient pas actifs vis-à-vis de certaines enzymes : les métallo-ß-lactamases. Du fait de difficultés diagnostiques et thérapeutiques spécifiques associées à la production de ces métallo-ß-lactamases, nous avons choisi de leur dédier ce numéro des expériences en bactériologie et mycologie.

L’interview du Pr Laurent Dortet, co-directeur du CNR de la résistance aux antibiotiques vise à remettre cette question dans son contexte épidémiologique actuel : l’émergence des métallo-ß-lactamases remonte à 2015 et elles représentent désormais environ 1/3 des EPC. Ce mécanisme de résistance peut être difficile à identifier sur l’antibiogramme (dans le cas de VIM) ou via techniques immunochromatographiques. L’autre problématique liée à ces métallo-ß-lactamases est thérapeutique. Le cas clinique choisi, l’interview et les articles résumés illustrent le fait que les options thérapeutiques sont réduites ou difficiles à tester in vitro : céfidérocol, combinaison aztreonam/avibactam ou colimycine. 

En dépit d’une recherche intense sur le sujet, ce numéro des expériences en bactériologie et mycologie illustre à quel point la problématique des bactéries productrices de métallo-ß-lactamase est actuelle, émergente et nous impose de relever des défis diagnostiques et thérapeutiques majeurs.