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Pression négative dans les chambres d’USI et risque d’aspergillose pulmonaire chez les patients Covid-19

D'après Ichai P et al. Crit Care. 2020;24(1):538, actualisé

Dans des circonstances habituelles pour la plupart des USI accueillant des patients immunodéprimés, les chambres sont équipées en pression en air positive afin de protéger les patients des infections liées à l’environnement et particulièrement celles en rapport avec Aspergillus fumigatus (AF). Ce lien entre pression positive et réduction des taux d’infections à Aspergillus a été démontré dans plusieurs études, bien que ces dernières comprenaient aussi de nombreuses autres mesures à visée préventive. Au cours de la pandémie de Covid-19, il a, à l’inverse, été recommandé de placer les chambres en pression en air négative ou en pression normale afin de protéger aussi bien les soignants que les patients. Deux études récentes ont rapporté des taux élevés (26,3-33,0 %) d’aspergillose pulmonaire chez les patients Covid-19 [1]. L’auteur rapporte l’expérience de l’hôpital Paul-Brousse (Villejuif, France) où les 15 chambres de l’USI ont été placées sous pression en air négative pour accueillir des patients Covid-19. Tous les filtres de la climatisation ont été changés à cette occasion. Deux mois plus tôt, un contrôle de routine n’avait pas révélé la présence de contamination fongique et l’incidence annuelle d’aspergillose était inférieure à 2 %. Au cours de la période du 23 mars au 4 mai 2020, 26 patients Covid-19 (âge moyen 64 ± 9 ans, 18 hommes) ont été admis en USI et 6/26 (23,1 %) ont développé une aspergillose pulmonaire probable ou prouvée dont 2 étaient colonisés par AF. Le délai médian entre l’admission et le diagnostic d’aspergillose était de 6,5 ± 4,2 jours. Un traitement antifongique a été administré à ces 6 patients (isavuconazole, n = 5 ; voricoconazole, n = 1) et 4/6 (67 %) ont survécu. Un traitement à visée prophylactique a été administré aux autres patients Covid-19.

Les cultures de l’air ambiant des chambres occupées par les 4 premiers patients infectés ont révélé la présence d’AF. Les analyses sur les circuits de ventilation accessibles n’ont pas permis de mettre en évidence de réservoir de contamination, ni dans les autres chambres (même bâtiment, même orientation géographique, jusqu’à 2 étages au-dessus). Après désinfection des surfaces, la pression en air négative dans les chambres a été augmentée à 2 reprises pour atteindre une pression de 1,2 ± 1,5 Pa. À partir de ce moment, les taux d’AF dans l’air des chambres ont chuté de façon spectaculaire (0-2 CFU/m3) (figure). Cette étude montre donc qu’implémenter une pression en air négative dans les chambres peut être à l’origine d’une source de contamination de l’air par l’Aspergillus et augmente le risque d’infection opportuniste. Le switch vers une pression neutre ou légèrement positive, associé à des protocoles de nettoyage classiques et à des traitements antifongiques à visée prophylactique, pourrait en permettre l’éradication.

LI-EBM-1re edition breve3 JLM Dia1 V3.


Références

1. Alanio A et al. Prevalence of putative invasive pulmonary aspergillosis in critically ill patients with COVID-19. Lancet Respir Med 2020;8(6):e48-e49, Koehler P et al. COVID-19 associated pulmonary aspergillosis. Mycoses 2020;63(6):528-34.


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