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Efficacité et tolérance des gants congelés pour la prévention de la neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie


La neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie reste l’une des toxicités les plus difficiles à gérer chez les patients en cours de chimiothérapie et, dans certains cas, peut entraîner l’arrêt du traitement. La cryothérapie utilise la vasoconstriction induite par le froid pour réduire l’effet local de la chimiothérapie.

Une application possible est l’utilisation de gants qui refroidissent les mains afin de réduire les dommages sur les nerfs périphériques. Afin d’évaluer l’efficacité des gants glacés, l’étude a testé l’utilisation de gants glacés chez des patients recevant une chimiothérapie par oxaliplatine, docétaxel ou paclitaxel.

A. Beijers et al. (1) ont randomisé 180 patients, dont 90 dans le bras expérimental (où les patients portaient des gants glacés pendant le traitement) et 90 dans le bras témoin (où les patients n’en portaient pas). La majorité des patients ont reçu un traitement de chimiothérapie pour un cancer du côlon ou du sein.

Un pourcentage non négligeable des cas (34 %) attribués au bras expérimental a arrêté l’application de gants, dans la plupart des cas pour une gêne intolérable.

La comparaison entre les 2 bras de l’étude n’a pas montré de différences significatives dans les scores de qualité de vie. Les patients assignés au bras expérimental ont cependant rapporté moins de picotements dans les doigts [β = –10,20 ; IC95 : –3,94 à –3,14 ; p = 0,005] et moins d’inconfort à l’ouverture d’un bouton ou d’une bouteille, en raison d’une moindre altération de la force de la main (β = –6,97 ; IC95 = –13,53 à –0,40 ; p = 0,04). 

De même, de légers avantages ont été constatés pour le bras expérimental, avec moins de douleurs auditives (β = –4,37; IC95 : –7,90 à –0,83, p = 0,02) et moins de crampes dans les mains (β = –3,76 ; IC95 : –7,38 à –0,14 ; p = 0,04). Les différences dans les picotements des mains étaient cliniquement significatives, mais seulement lors de la première évaluation et non par la suite. Les autres différences constatées étaient cliniquement non significatives.

Les patients randomisés au groupe expérimental ont déclaré une meilleure qualité de vie globale (β = 4,79 ; IC95 : 0,37 à 9,22 ; p = 0,03) et une meilleure fonctionnalité physique (β = 5,66 ; IC95 : 1,59 à 9,73 ; p = 0,007) par rapport aux patients du groupe témoin. Ces différences ont également été jugées non significatives sur le plan clinique.

Aucune différence n’a été observée dans l’incidence de réduction de la dose de la chimiothérapie.

Sur la base de ces résultats, les auteurs concluent que l’adoption de gants glacés pourrait avoir un certain avantage, surtout à court terme, en réduisant certains des symptômes liés à la neurotoxicité de la chimiothérapie. D’autre part, les effets à long terme sont négligeables et de nombreux patients ont cessé d’appliquer les gants à cause d’une mauvaise tolérance. 

Ce que cet article apporte à ma pratique :

  • La neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie reste l’une des toxicités les plus difficiles à gérer.
  • L’adoption de gants glacés pourrait avoir un certain avantage, surtout à court terme, en réduisant certains des symptômes liés à la neurotoxicité de la chimiothérapie.
  • Cependant, les effets à long terme sont négligeables et de nombreux patients ont cessé de porter les gants. 
  • L’évaluation globale de l’efficacité de l’utilisation des gants congelés semble donc pour le moins douteuse.

À retenir : L’utilisation de gants pour prévenir la neuropathie périphérique induite par la chimiothérapie ne semble pas être efficace à long terme, avec une tolérance qui n’est pas excellente pour certains patients.


Références

1. Beijers AJM et al. Multicenter randomized controlled trial to evaluate the efficacy and tolerability of frozen gloves for the prevention of chemotherapy-induced peripheral neuropathy. Ann Oncol 2020;31(1):131-6.


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